mardi 21 décembre 2010

Tremblement de terre



Carte des plaques tectoniques. On voit bien que Java est située sur la limite (source: vulcania.com) CLIQUER SUR LA CARTE POUR UNE VUE D'ENSEMBLE
Après le volcan, voici que la terre tremble.
Je dois reconnaître que c'est le premier tremblement de terre que je ressens réellement. Ce mardi matin, un peu avant 11H00, alors que j'étais chez moi, j'ai commencé à entendre des vibrations, puis, j'ai vu certains de mes meubles bouger. A cet instant, j'étais sur mon sofa et je sentais distinctement les vibrations qui ont duré un peu plus d'une dizaine de seconde.

L'électricité étant coupée, j'ai tout de suite la confirmation de la secousse. Quelques instants plus tard, j'apprends que l'épicentre se situait dans l'Océan Indien, à environ 160KM au sud-est de Jogja et à 16 KM de profondeur. L'intensité relevée indique un 5,8 sur l'échelle de Richter. ce n'est pas le "Big One", mais cela commence déjà à secouer.

Je l'avais déjà expliquer dans un précédent billet, l'Indonésie est située sur la ceinture de feu du Pacifique, qui s'étend jusqu'au détroit de Béring puis, rejoins le Cap Horn par la cordillère des Andes. Se succède un ensemble de volcans et de fréquents tremblements de terre, dû au mouvements des différentes plaques tectoniques.

l'Indonésie est située à la croisée des plaques Indo-Australienne et Eurasienne. D'où un nombre élevé de séismes, d'éruptions volcaniques, voire de Tsunami.


Sinon, la saison des pluies ne fait que commencer. Si le weekend dernier le temps fut plus que clément, l'orage d'hier était très impressionant. Et ce n'est pas prêt de s'arrêter vu que cette année, nous bénéficions de La Niña, qui a pour particularité d'intensifier les précipitations

dimanche 5 décembre 2010

La saison des pluies...




Photo de la rivière Code à Jogja ( source: jakarta post)









La saison des pluies a bien démarré. Ce dimanche, la pluie est tombée sans discontinuer pendant toute l'après-midi. Et cette saison des pluies va durer jusqu'au mois d'avril. Tout en sachant qu'il s'agit de la meilleure hypothèse.

L'an dernier, cette saison des pluies s'est étendue jusqu'au début du mois de juin. Et la saison sèche fut très courte, au grand désespoir des habitants de Jogja. Cette saison, il est déjà question de l'influence de La Niña, mais aussi de l'éruption du Merapi. Ainsi, certains chercheurs ont annoncé que les particules de cendres allaient changer les conditions climatiques sur la région: plus d'humidité, un temps plus frais et donc plus de précipitations.

Pour le temps plus frais, je demande encore à voir. Temps lourd oui, températures "basses", ce n'est pas encore le cas. Au quotidien, il convient de ne pas oublier les chaussures de rechange (afin d'éviter de voir ses chaussures moisirent, comme c'est le cas pour deux de mes paires...) et le fidèle "K-Way" local. Je dois aussi surveiller la porte de ma cuisine, celle-ci donnant sur un petit jardin - enfin aujourd'hui, c'est plus une plaine de cendres et de sable volcanique avec quelques pousses vertes - qui devient rapidement une mare, déversant sur la porte de la cuisine. il n'est pas non plus rare que Jalan Kaliurang, la principale route menant à ma résidence depuis Jogja, soit transformée par endroits en un petit ruisseau.

Bien sur, il convient aussi de faire attention aux rivières. Avec les risques de Lahars, les cours d'eau peuvent devenir dangereux, voire meurtrier (cf. billet précédent). Mais pour cela, les autorités en charge de la prévention son relativement efficace. Vendredi dernier, l'une de ces coulées de boues à fait des dégats sur les habitations à proximité de la rivière Code, dans le centre ville. Si le périmètre de sécurité est passé à 2,5KM pour certaines zones, il reste à 15 au dessus- de chez moi et le risque de lahars reste important. Heureusement, je ne réside pas à proximité immédiate d'une rivière.

A venir, un billet sur le "business" du sable volcanique... une activité actuellement en pleine expansion ;)

vendredi 3 décembre 2010

Independenza!? Ou pas...



un passeport du Sultanat de Yogyakarta. Comme souvent, les réseaux sociaux donnent le ton...
Sous ce titre provocateur, quelques informations sur "le débat" actuel à Yogyakarta, qui mobilise les foules. Non, il ne s'agit pas du volcan, ou d'une énième mesure de lutte contre la corruption...

Il y a une semaine, le président Indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono (SBY) a fait part de son étonnement quant à la position peu démocratique du Gouverneur de Yogyakarta. En effet, celui-ci est aussi Sultan et selon le statut spécial de la région, est nommé et non élu. Réaction d'indignation d'une partie de la population locale. L'autre moitié attends quant à elle un changement radical avec la mise en place d'élections. Le buzz s'est fait sur Internet, avec la publication de "passeport Yogyakartanais", un appel à une utilisation de la monnaie locale sous le sultanat et divers autres témoignages - la plupart ironiques - de la part des internautes.

Au-delà du potentiel comique, cette déclaration de SBY permets d'aborder un véritable casse-tête politique. Pour mieux comprendre, il faut s'intéresser à l'Histoire de la région.

Le Sultanat de Yogakarta est fondé en 1746 et occupe une partie du Royaume de Mataram (Java Centre). Mais voilà, lors d'une dispute, le frère du Roi rejoint l'un des neveux, entré en rébellion. Pour arranger les choses, le colonisateur néerlandais - par essence, le Néerlandais est fourbe. Si vous n'en êtes pas convaincu, je vous invite à découvrir ou redécouvrir l'expression "going Ducth" ici: http://en.wikipedia.org/wiki/Going_Dutch .

bref, le Néerlandais est fourbe et radin, et il décide de profiter de cette lutte pour le pouvoir en scindant le sultanat en deux entités: le sultanat de Yogyakarta bien sur, et le sultanat de Surakarta (aujourd'hui, Solo, considérée par les amateurs comme étant l'équivalent de Yogyakarta au niveau culturel, mais sans les touristes).

Au fil des années, le sultan de Solo se rapproche des Néerlandais. c'est ce qui le perdra lorsque l'Indépendance de l'Indonésie sera proclamée. ostracisé par son rôle de collaborateur, il perd son pouvoir contrairement à celui de Yogyakarta. D'ailleurs, l'adhésion de la région de Yogyakarta à la République Indonésienne se fait selon certaines conditions: entre autre, le gouvernement indonésien doit reconnaître le statut particulier du sultanat, en permettant au sultan de conserver ses privilèges.
Ainsi, le sultan endosse de facto la charge de gouverneur: il n'y a pas d'élection, contrairement aux autres régions d'Indonésie, le sultan est donc nommé gouverneur, pour le meilleur et pour le pire...

En s'interrogeant ouvertement sur ce processus non-démocratique, SBY s'attaque à un véritable serpent de mer. Certes, une partie de la population prône une conservation du statut spécifique de Yogyakarta et des prérogatives du sultan-gouverneur. Mais deux courants s'y opposent. Le premier est ouvertement démocratique. il s'agit majoritairement d'habitants de la région , majoritairement non-originaire de Yogyakarta et qui espèrent la mise en oeuvre d'un réel processus de désignation démocratique.

Le second courant est plus contestable: il s'agit majoritairement d'acteurs politiques de la région qui voient leurs ambitions politiques limitées. La charge de gouverneur peut être perçue comme le summum d'une carrière politique, et les Bupati (à la tête des Kapubaten, qui peut être traduit par département) aimeraient bien accéder à cette fonction suprême.


Alors, bonne ou mauvaise chose? Difficile à dire, mais il semblerait - et c'est une bonne chose - qu'un réferundum soit mis en oeuvre. La bataille risque d'être intéressante à suivre en tout cas!

mardi 30 novembre 2010

Merapi: auprès des sinistrés


Le volcan reste actif mais son intensité décroit. Ainsi, de nombreux "déplacés" - je reprends ici la terminologie officielle - sont retournés dans leurs villages, bien que certains d'entre eux soient encore situés dans le périmètre de sécurité. Il faut être précis, la plupart de ces personnes ont tout perdu: il s'agit majoritairement d'agriculteurs et d'éleveurs dont le bétail et les terres ont subit le lourd préjudice de l'éruption du siècle.

Bien sur, les ONG sont nombreuses et très présentes pour aider la population dans cette phase "d'early recovery". Il y a même une certaine concurrence: ici, tel parti politique, là telle marque de cigarette qui reconstruit un village - les ouvriers sont rémunérés en cigarette à vie, inconcevable dans nos contrées - là bas telle mouvance aux soupçons radicalisant qui propose son aide. Mes voisins ne sont pas en reste. C'est le cas de Brian qui plusieurs fois par semaine se lance dans un périple autour du volcan afin d'apporter des couches, du riz, des serviettes hygiéniques, des vêtements, aux populations locales.

Aujourd'hui, Brian m'a emmené dans la région de Magelang, près du village de Muntilan. Si cette zone a paradoxalement connue un faible nombre de victimes - en comparaison avec la région de Sleman, dans laquelle je réside - les dégâts matériels sont nombreux et les conséquences pour la population d'une ampleur que je n'aurais pu imaginer. Nous sommes donc parti de Sleman, pour rejoindre Muntilan, puis, pour finir par nous approcher à 6 KM du sommet du Merapi. celui-ci reste décelable dans son panache de brume. Partout, les arbres sont couchés, les bambous brisés. partout, cette cendre et ce sable par kilos, qui envahit les maisons et lors des pluies donne naissance à une mélasse grise.

nous passons sur un pont, non loin d'un des check points tenus par l'armée: cette dernière ne peut empêcher les paysans locaux de regagner leurs domiciles, de tenter de sauver ce qui peut l'être: peu de chose. Sur ce pont, vers l'amont, un barrage. ou plutôt, ce qui en reste. celui-ci a été détruit par un lahar, ces monstrueux torrents de boue et de débris qui descendent du sommet à la vitesse de 50 KM/H. Des blocs de la taille d'une moto jonche la rivière. Plus loin, notre SUV ne pourra plus passer: il faut s'en remettre aux Ojek, moto taxi locale. A travers les débris, ils vont nous faire découvrir un paysage dévasté.

Ici, la rivière s'est scindée en 3 différents lits, emportant un pont et paralysant un barrage qui menace lui aussi de céder. Plus loin, un champs de cailloux: tous viennent du volcan, et en s'approchant, je peux récupérer quelques morceaux de pierres ponce et autre lave solidifiée. La rivière - ou plutôt le torrent de boue - s'est engouffré dans cet espace. Fort heureusement, il n'y avait aucune habitation en vue. L'un de mes interlocuteurs me montre une petite pierre ponce, que je prend en main; il insiste, la nuit du 4 novembre, ce sont ces pierres qui tombaient du ciel.

Vers l'Est, l'inquiétante silhouette du Merapi. bien sur, nous restons branché sur la radio des Tim SAR, ces équipes de recherche et de sauvetage. Si une nuée ardente se produit, nous le saurons rapidement. Mais - tant mieux - ce n'est pas dans l'humeur de gunung Merapi. D'ailleurs, la région n'a quasiment pas été touchée par les nuées ardentes. Par contre, oui, ce fut le cas avec les lahars, les cendres et le sable. Sur le dit barrage, un amoncellement de pierre et de débris. Notre guide d'un jour nous le dit "je suis javanais, je crois à ces mystères: regardez, tout reste en équilibre sur le barrage. Il faut respecter l'esprit de ce volcan".

Et c'est bien ce fabuleux mélange de mythes locaux et d'Islam qui inquiètent les plus radicaux. Ainsi, au lendemain du Tsunami de Mentawai et de l'éruption du merapi, le pitre de la communication, Tifatul Sembiring, Ministre membre du parti religieux islamique PKS s'était ému de ces catastrophes naturelles, les qualifiants de punitions divines pour des croyants plein de pêchés. La réaction ne s'est pas fait attendre et le Ministre en a pris pour sa fonction et son grade.

Nous quittons les rives de ce qui était un champ pour devenir une rivière. Une rencontre avec des agricultures locaux permets de mieux comprendre les difficultés qui les attendent: ils cultivent le Salak, un fruit local. Mais les vergers ont été durement touchés, et il faudra plusieurs années avant que les cultures puissent reprendre.

Au-delà du risque de lahars, qui est tout aussi topographique qu'humain, c'est une véritable modification de la société qui va avoir lieu dans la région. les terres seront fertiles mais non cultivables. Les risques seront prégnant jusqu'en 2015 pour les coulées de boues meurtrières. Et les sources d'eau émanant des pentes du volcan ont été vaporisées ou ensevelies par l'éruption. Il n'y aura pas d'exode, mais de profonds changements. Comment aider ces personnes? parfois, un paquet de cigarettes, des couches pour enfants ou simplement 10 minutes en leurs compagnie à discuter de la situation actuelle suffisent. Ce qui me marque le plus, c'est sans doute leur courage et cette dignité. On peut y voir du fatalisme, mais c'est plus un rapport spécifique, constitué de croyances locales, vis à vis du Merapi. "Montagne de feu", tel est le nom du Merapi en javanais. Et c'est avec cette montagne de feu qu'ils ont accepter de vivre.

Des photos ici:
http://picasaweb.google.com/alban.sciascia/MerapiNearMuntilan20101130?authkey=Gv1sRgCMWinvWCoLLSqwE#

vendredi 26 novembre 2010

L'éruption du Merapi


A mon retour en Indonésie, au début du mois d'octobre, je ne m'attendais pas à vivre une telle expérience: l'éruption du Merapi. Bien sur, le volcan le plus actif du monde est connu pour se réveiller tous les 4 ou 5 ans. Mais cette fois-ci, ce fut ce que les scientifiques nomment déjà l'éruption du siècle.

Tout débuta à la fin du mois d'octobre, avec une forte chaleur dans la région, et une inquiétude croissante du centre de vulcanologie. Le 26 octobre, l'éruption débute. Une trentaine de morts sont dénombrés. Mais le Merapi n'en a pas fini. cette éruption du 26 octobre est somme toute classique. Mais l'intensité de l'activité s'accroit. Dès le 30 octobre, c'est une pluie de cendres qui recouvre la région. A cette période, je suis alors à Bangkok, puis à Kuala Lumpur. Suivant les informations à distance, j'en suis à me demandé si je vais pouvoir rejoindre Jogja.

C'est ce que j'arriverais à faire le 3 novembre 2010. Le paysage vu d'avion est sinistre: l'ensemble des bâtiments sont recouverts de cendres. je rejoins toutefois sans difficulté mon domicile, situé à 7 à 8 kilomètres (selon les cartes, mais je reviendrais sur ce sujet dans un prochain message) du périmètre de sécurité d'alors (15KM).

Le 4 novembre au matin, je suis réveillé par une forte chaleur: à l'extérieur, le temps est magnifique et je peux voir le Merapi cracher son panache de cendres. les nuées ardentes sont de plus en plus nombreuses, et l'on entends parfaitement le volcan grogner. Dans l'après midi, la visibilité est nulle, mais l'ont continu à entendre le volcan. Aux alentours de 17H00, on entendra le volcan à 30KM de distance. restant éveillé, je suis surpris par un coup de téléphone après minuit: ca y est, la grosse éruption a commencée.

le périmètre de sécurité passe à 20KM et j'observe un phénomène intriguant et effrayant: une pluie de sable, de cendres et de résidus de pierre ponce. S'y ajoute une boue volcanique qui va recouvrir l'ensemble de la rue. Ce qui surprend le plus, c'est l'odeur des gaz volcaniques. Et ce calme. Bien sur, on entend au loin les sirènes des services de secours, mais le bruit qui domine, c'est celui de cette pluie de sable. un crissement léger. Perturbant, car inconnu, mais qui n'est pas si dépourvu de charme. C'est sans doute dans ces moments que l'on s'attache à ces petits détails.

Il n'est pas question de prendre des photos. Déjà, c'est déjà la panique aux alentours, l'exode. Les voisins chargent leurs véhicules et fuient, vers le Sud. Mais je décide de rester à mon domicile, préférant éviter de prendre des risques sur des routes surchargées de réfugiés et de déplacés. Et puis, en se rapprochant des voisins, je me rends compte que ces derniers sont branchés sur la fréquence radio des Tim SAR, ces équipes de volontaires qui sans équipements vont braver les nuées ardentes afin de secourir les victimes. Mieux vaut faire confiance à des connaisseurs plutôt qu'aux médias indonésiens. Ces derniers ne méritent rien d'autre que le mépris. Sous couvert de liberté d'information, ils sont les principaux responsables d'une panique qui auriat pu coûter des vies.

Aux alentours de midi le vendredi 5 novembre, je décide d'évacuer à mon tour. Non pas que la maison soit menacée. Mais je n'ai plus d'eau. Il semblerait que l'ensemble des réservoirs soient envahis par les boues volcaniques. Me voici alors parti pour 5 nuits en hôtel, suivant l'évolution de l'éruption et essayant d'aider dans la mesure du possible.

Le retour se fera le mardi suivant, alors que l'eau est elle aussi revenue. Depuis? une vigilance accrue et l'attente d'une fin officielle de ce qui est encore aujourd'hui l'éruption du siècle

samedi 17 juillet 2010

14 juillet à Jakarta

Avec du retard, bonne fête nationale! Je l'ai passé pour ma part à Jakarta et j'ai pu constater que les ferrero rocher chez l'ambassadeur sont une escroquerie! Mais pas le vin, ni le pain ou le fromage! A part ça, Jakarta reste Jakarta, une ville désagréable au possible. Le retour à Jogja fut d'autant plus appréciable que les activités vont s'enchainer pour mes dernières semaines.

Littoral javanais


Comme promis, voici le récit de ma balade du dimanche. Bien que fatigué, je me lance à l'assaut de ma carte de la région avec une idée en tête, parcourir une partie du littoral. Après une longue hésitation sur le chemin à suivre, je me lance finalement aux alentours de midi sur la route. La première partie du trajet, jusqu'à Wonosari, est constitué d'une route large comparable à nos nationale. Rien d'exceptionnel. Mais une fois Wonosari quittée, je retrouve l'aventure! Petite route sinueuse de part les rizières - elles même ceinturées de collines. Le beau temps est au rendez-vous, et je me lance à l'assaut de la route de Sadeng. Sur ma carte, il s 'agit d'une simple plage. Mais les paysages pour y accéder son tout bonnement superbes. Débouchant d'un hameau, j'arrive alors sur un petit canyon au fond duquel se succède les rizières. Après quelques kilomètres, Sadeng. Et là, c'est une belle surprise qui m'attends. En voyant la puissance du courant, la taille des vagues, je ne peux qu'admirer les pêcheurs qui reviennent les cales chargées de Thon, vendu à même la jetée.

Comme souvent, je suis le seul bule sur place. Je profite de cette halte pour prendre quelques photos et respirer les embruns. Il faut dire qu'après une heure et demie de mauvaise route, mon dos me rappelle ma récente hospitalisation. Sadeng, son petit port de pêche, ses eaux déchaînées donc, me donne un aperçu différent de tout ce que j'ai pu voir dans le pays. Bien loin des plages immaculées, ici, on ne se baigne pas, la mer est trop cruelle.

Je décide alors de repartir et ayant du temps devant moi, de me lancer à l'assaut de la route littoral. Mon objectif est de me rendre sur la plupart des plages de la région avant de rentrer à Yogya par la route du sanctuaire d'Imogiri (j'y reviendrais). De littoral, la route n'a au premier abord, que le nom. c'est plutôt entre collines et rizières que j'avale les kilomètres. Puis, en un instant,j'aperçois les vagues. Un coup d'oeil sur ma fidèle carte m'apprends que je suis à Sundak, la première de ces plages. Etendue de sable blanc sans personne à l'horizon. Je décide de profiter de ce laps de temps pour prendre un peu de repos sur la plage. Puis, je me déplace vers l'Ouest pour assister à un spectacle magnifique, celui de la mer déchaînée, des embruns virevoltants et d'un soleil timide mais toutefois présent.



J'éviterais par contre Krakal et ses nombreux "touristes" javanais. Toutefois, une inscription sur la route me pousse à stopper ma balade: une flèche suivie de "Bajak Laut", les pirates. Je plaisante alors avec un paysan local sur ces fameux pirates, bien absent de cet partie là de l'océan Indien. Mais la nuit commence déjà à tomber, et j'ai encore plus de 60 kilomètres à faire pour rejoindre Yogya. Au choix, la route de Wonosari, ou celle passant par le sanctuaire d'Imogiri. j'opte pour la seconde solution, et je ne serais pas déçu. A travers les montagnes, je découvre des paysages nouveaux et tout aussi sympathique.



Le soleil est maintenant bas sur l"horizon quand finalement, je rejoins le périphérique de Yogya. Une journée fatigante, mais toutefois intéressante. C'est vraiment le charme de cette région: la sensation d'une découverte continue.

dimanche 11 juillet 2010

samedi 10 juillet 2010

Keris, Kriss, Kris



Non, ce n'est pas une ovation pour le capitaine de l'Olympique Lyonnais. Mais avec le Keris, nous entrons dans la mystique javanaise. Il s'agit d'une arme: un couteau de fort belle taille, traditionnel de la culture javanaise. Pour les Indonésiens - comme pour les Malais et certains Philippins - cette dague possède un pouvoir mystique. Plus traditionnellement, elle fut longtemps utilisée par les pirates malais, car peu encombrante et relativement efficace. Aujourd'hui, les véritables Keris possédant un pouvoir magique se négocient à plus de 1000 euros pièce. Et il faut accomplir un cérémonial, car le Keris possédant une âme - ainsi que l'âme de ses anciens propriétaires - c'est lui qui vous choisi. Par ailleurs, le futur détenteur doit déjà savoir a qui il confiera son Keris lors de sa mort, car son âme accompagnera le futur propriétaire.

Au premier abord, tout ceci pourrait paraître un peu trop mystique, mais pour avoir vu certains phénomènes, je suis persuadé qu'il y a du vrai dans la magie noire javanaise. Pour en revenir au Keris, me voici depuis deux jours à la recherche d'une de ces dagues pour un cadeau à faire à l'un des personnels de l'ambassade. Car oui, c'est bien à Jogja que l'on trouve les meilleurs Keris. Principale difficulté, sans trouver un véritable Keris magique, il me faut une véritable pièce et non pas une nouveauté réalisée dans le but d'arnaquer un touriste.

Accompagné de Sofia, je me rend donc à Kota Gede, quartier des antiquaires. Premier constat, il ne sera pas aisé de trouver un keris ici: les vendeurs de bijoux en argent sont formel, il n'y a que quelques échoppes qui proposent ces produits. Et il fat les trouver, non pas dans la rue principale, mais dans un dédale. Une fois sur place, l'échoppe semble fermée: rien pour la signaler, à l'exception d'un rideau de fer en devanture. La vendeuse d'un magasin nous encourage à nous renseigner auprès des habitations attenantes. Finalement, le fils du propriétaire, que nous dérangeons devant ses dessins animés, va chercher son père.

Très serviable, il nous ouvrira son magasin, nous prévenant tout de suite quels sont les vrais Keris et les versions touristes. Je trouve alors mon bonheur (photo), et je préviens le patron: je vais revenir pour en acheter d'autres!



La journée se terminera par un déjeuner chez K-Meal, le restaurant français de Jogja. Quel plaisir de retrouver un peu de gastronomie au fin fond de Java. Camille, le propriétaire, est installé à Jogja depuis 2 ans, et son restaurant propose une carte française adaptée pou des tarifs plus que correct. Ainsi, il n'est pas rare que Camille fasse plus de 700 couverts par semaine.
Et ce retour à la vraie bonne bouffe n'est pas fini car je passe le 14 juillet à Jakarta, avant de fêter à Jogja les 35 ans du Centre Culturel Français (le fameux LIP).

La dune de Depok




La convalescence, c'est sympa, mais on s'ennuie vite.N'ayant pas vraiment le courage de retourner tous les jours au travail, j'essaye de trouver des occupations autre que rattraper mon retard sur mes articles - retard du à cette fameuse hospitalisation.
En feuilletant des prospectus touristiques, je m'aperçois qu'il me reste beaucoup de chose à découvrir dans la région, et notamment une dune de sable, considérée comme un phénomène naturel unique. En effet, cette formation de sable volcanique s'étend entre les plage de Parangtritis et Depok. Avec ses allures désertiques, ce type de dune n'existe qu'en Indonésie et au Mexique. Reste a savoir comment les Indonésiens tentent de la préserver, et la meilleure façon de le savoir, c'est bien sur de s'y rendre!




Sur un coup de tête, je décide de partir dans l'après midi sur zone. Une bonne demi heure de moto, sur une route toujours aussi agréable, bordée par les rizières et collines. Une fois sur place, il convient de trouver la route bordant la dune, ce qui n'est pas si simple que cela. Mais avec un bon sens de l'orientation, un repérage préalable sur une carte et un peu de chance, on arrive à beaucoup de chose. Me voici donc sur une route déserte: à gauche, on peut distinguer l'océan Indien, derrière les dunes. A droite, un paysage mi désertique, mi sue-est asiatique. Chose rare dans le pays, enfin une route sur les bords de laquelle il n'y a pas une maison tous les 50 mètres. on se sent un peu isolé, ce qui ne fait pas de mal. Je m'arrête afin d'aller voir le bord de mer, en m'enfonçant dans les dunes. Mais il y a tant de chose à voir, je remonte en selle afin de rallier Depok. Au loin, j'aperçois un minaret dans le soleil: je ne suis plus en Indonésie, mais dans tout autre pays désertique.

Toutefois, Depok marque le retour à la civilisation: les Indonésiens se régalent des produits de la mer pêchés dans l'océan ou dans l'estuaire du fleuve. Je remonte le cours de ce dernier, avant de me décider à prendre un peu de temps sur la plage. Sur le sable volcanique, je décide de me reposer, profitant des embruns. Mais déjà, le temps semble menacer. Comme toujours, la saison des pluies n'est jamais vraiment terminée. L'obscurité faisant place à l'éblouissement constant du soleil, je préfère rentrer avant une grosse averse nocturne... et pourtant, j'y aurais droit, en arrivant aux limites sud de la ville.



Au final, une petite escapade sympathique dans un lieu calme. Je pense y retourner avant mon retour. mais voila typiquement le genre de chose qui risque de me manquer

vendredi 9 juillet 2010

L'hôpital


Parce qu'il fallait bien y passer autrement que pour une consultation, je me suis retrouvé hospitalisé pendant quelques jours. La faute à une infection urinaire résistante aux bactéries et qui commençait à infecter un certain nombre de fonctions de mon corps. Tout à débuté avec des douleurs dans le bas du dos jusqu'à l'emplacement supposé des reins. Le tout accompagné d'une fièvre en progression. Ainsi, le lundi soir, malgré 4 grammes de paracétamol et de nombreuses compresses, je ne descendrais pas en dessus de 38,5°. Décision est prise d'aller à l'hôpital, et le choix est arrêté sur Panti Rapih, hôpital privé catholique (car oui, n'oublions pas que nous sommes en Indonésie et que tout est religieux - ce qui commence à vraiment me lasser, mais c'est un autre sujet).

Une fois à l'hôpital, j'annonce clairement à l'accueil, je veux voir un autre urologue que celui qui ne m'a prescrit que des antibiotiques de base pour une durée de 5 jours. Après une longue attente, le médecin me reçoit et décide de m'hospitaliser un minimum de 3 jours. Mais avant toute chose, il décide de me faire passer une échographie. Première échographie pour ma part et première surprise à cette occasion.J'apprends en effet que je n'ai qu'un seul et unique rein, et qu'il y aurait quelque chose de pas très net à l'intérieur de ce dernier. Me voici dans l'attente de nouveaux examens.

Fort heureusement, ces derniers ne révèleront rien de grave. Après 3 jours, j'ai l'autorisation de sortir. Je passerais alors l'après midi à régler les différents problèmes d'assurance. Et les jours suivants à prendre un peu de repos. Je me serais bien passé de tout ça, mais fort heureusement, j'ai été dirigé vers le meilleur hôpital de la ville, comme quoi, tout s'arrange.

Petite anecdote avant de terminer. Panti Rapih est donc un hôpital privé catholique. c'est ainsi que le soir, les infirmières venaient me proposer une communion. J'avoue avoir eu peur le premier soir. Et encore plus quand j'ai vu la tête de l'infirmière lorsque j'ai refusé. Elle n'a cessé de me répéter que j'étais inscrit en tant que catholique, et qu'elle ne comprenait pas. J'ai donc improvisé un petit cours sur l'athéisme et la laïcité - qui n'a servi à rien. En désespoir de cause, je lui ai annoncé que je préférais faire ça seul afin d'être tranquille. Parfois, l'Indonésie est un pays qui peut être fatiguant moralement...

dimanche 27 juin 2010

Pied marin à Tanjung Priok



Mais à quai. Je reviens de quelques jours à Jakarta où j’étais affecté comme officier de liaison dans le cadre de ma fonction de réserviste. Il s’agissait ici de préparer l’escale du BCR Somme, Bâtiment de Commandement et de Ravitaillement au sein duquel est affecté l’Etat-Major Inter Armées française pour l’océan indien.

Levé tôt et couché tard pendant 3 jours, j’ai pu profité d’une sorte de retour aux sources qui m’a fait le plus grand bien ; Si la mission n’est pas la plus difficile qu’il soit (escorter des autorités françaises auprès de leurs homologues indonésiens et servir de temps à autre d’interprète, elle est extrêmement prenante et fatigante. Mais il y a de nombreux bons côtés- outre le fait de retrouver enfin e la bonne nourriture de chez nous et un peu de vin – et l’accueil réservé par l’équipage fut chaleureux. Je serais bien resté plus longtemps, et j’espère pouvoir a nouveau me retrouver dans cette fonction.


P.S.: retour en France le 14 août prochain, avec une arrivée à Genève.

jeudi 17 juin 2010

Décidément…

Il faut que je trouve un peu de temps pour alimenter le blog. Non pas que je sois overbooké ces derniers jours, mais j’ai toutefois pas mal de travail. Le premier, c’est de trouver un moyen de poursuivre mes recherches ici, soit par le biais d’un financement, soit par un emploi. Pour le moment, on ne peut pas dire que j’ai beaucoup d’opportunités. Les seules réponses que j’ai pu avoir s’avèrent à ce jour négatives. Mais je ne désespère pas.
Il faut dire aussi que je suis assez pris dans l’organisation de mon emploi du temps, et notamment mes terrains de recherche. C’est une déception, mais aujourd’hui c’est certain, je ne pourrais aller à Aceh. Si je dois assister aux exercices de la marine US aux Moluques, je vais laisser Ace de côté et y retourner l’an prochain. Par ailleurs, je serais la semaine prochaine à Jakarta, cette fois-ci pour la Marine et mon travail de réserviste. Je devrais retourner sur Jogja lors du dernier weekend de juin. A ce moment, il sera temps de récupérer mon passeport. Car oui, je vais profiter de ce message pour vous raconter mes mésaventures avec l’immigration.
Mon visa devant être renouveler le 31 mai, je me décide deux semaines avant à demander les différents documents nécessaires à la fac. Je ne les obtiendrais que 4 jours avant le lundi 31. Le samedi 29 au matin, je pars donc vers le bureau de l’immigration, situé à proximité de l’aéroport. Mais nous sommes samedi, et je suis bien trop habitué aux commerces ouverts tous les jours et à toutes heures. Ce n’est pas le cas de l’immigration bien sur.
Pas de problèmes, j’irais le lundi. Après avoir acheté un dossier spécifique à 7000 IDR, je donne ce dernier à l’agent d’immigration. Et là, c’est le drame. J’apprends que mon visa de 60 jours était en fait un visa de 58 jours. Je suis donc en overstay et me voici affublé d’une amende d’environ 35€. Par ailleurs, la lettre fournie par la fac n’est pas la bonne, il faut une lettre signé par la seule et unique personne de la fac habilitée par l’immigration. Retour à la fac, gueulante contre le secrétariat qui finalement se débrouillera pour me fournir la lettre adéquate au plus vite. Je retourne alors à l’immigration, le secrétariat s’étant assuré que le bureau était encore ouvert. Au comptoir d’accueil, l’agent me donne même un numéro et me voila devant le guichet…. Fermé. Je finis néanmoins par obtenir qu’un agent prenne en charge mon dossier. Problème, ils veulent que je règle mon amende le lendemain alors que je suis attendu à Jakarta. S’en suit une longue phase de négociation, puis des questions sur mes activités et les personnes que je vois à Jakarta.
Enervé par la procédure, je fais comprendre à l’agent que ces questions n’ont aucun sens et ne le regarde en aucune manière. Finalement, j’obtiens gain de cause : une personne du bureau pourra venir gérer mon dossier quand je serais sur Jakarta. Le vendredi suivant, me voici de retour pour récupérer mon passeport. On m’annonce alors qu’il ne sera prêt que le lundi suivant. Et là, grande surprise, mes 30 jours de prolongations sont devenus 24 jours… ne cherchant plus à comprendre, je quitte enfin le bureau de l’immigration de Yogyakarta, réputé pour son manque de professionalisme et la corruption latente qui l’entoure. Et dire qu’il faut y retourner la semaine prochaine…

lundi 7 juin 2010

En retard


Comme souvent je suis en retard pour le blog. Concernant Belawan et jakarta, je vais essayer de résumer au maximum. Commençons donc par Belawan. Ma dernière journée de recherche me permettra d'effectuer plusieurs entretiens. Je rentrerais bien fatigué à mon hotel. Le lendemain, il est temps de rejoindre Jogja après une très longue correspondance à Jakarta. Si le Medan-Jakarta se déroule bien, malgré l'absence de visibilité sur l'ensemble du parcours, c'est le Jakarta-Jogja qui posera problème. première nouvelle, nous décollons avec 30 minutes de retard, car l'aéroport de Jogja est... fermé. En effet, la saison des pluies - qui devait prendre fin au début du mois de mai - persiste. Le vol sera comblé de différents trous d'airs et autres perturbations, et l'atterrissage à Jogja sera comme à l'accoutumée brutal. Mais qu'il est bon de rentrer à la maison après un séjour de recherche intensif.
Le bilan s'avère positif: de nombreuses interviews, des pistes de recherches découvertes, un ensemble de données qu'il va falloir traiter maintenant, et la promesse d'une nouveau séjour - bien plus court - afin de vérifier tout cela.

L'étape suivante pour les recherches futcelle de Jakarta: deux jours dans la capitale, 3 rendez-vous. Au final là aussi, beaucoup de positifs et d'informations. Comme toujours, je passerais une partie de mon après midi à attendre à l'aéroport. Je prévois toujours large pour éviter les bouchons et prendre le dernier vol pour rejoindre Jogja.

Après ces longs moments sur le terrain, le retour à jogja m'a fait du bien. j'ai profité de mon dimanche pour aller en bord de mer, comme le montre cette photo de Kukup. Mauvaise nouvelle par contre, la saison des pluies ne veut plus finir. Aujourd'hui, il a commencé à pleuvoir à 15H. Il est 22H et aucune éclaircie à venir avant demain matin...

J'essayerais dans mon prochain message de développer sur mon passage à l'immigration. pas d'inquiétude, j'ai eu ma prolongation de visa. mais ce fut épique...

samedi 29 mai 2010

A venir


A venir: La fin du séjour à Belawan (un ou deux messages)et le planning des semaines à suivre. Jakarta, une fois de plus (voire même deux fois de plus), la Malaisie, un retour à Belawan. Et peut être d'ici quelques semaines 3 jours à Bali.
En attendant, voici le lien pour les photos de Belawan:

http://picasaweb.google.fr/alban.sciascia/IndonesieBelawan#

Medan: Le village de pêcheur


Après un rendez-vous dans une autre compagnie de Shipping, me voici en route avec Josef pour Belawan. Aujourd'hui, nous allons louer les services d'un pêcheur pour une petite balade sur l'estuaire. Je comptais aller jusqu'au détroit, mais la houle ne le permettra pas. Nous nous rapprocherons toutefois du port cargo de Belawan et effectuerons un trajet sympathique auprès des pêcheurs et petits tanker à l'ancrage dans le fleuve.

Notre guide nous informera d'ailleurs que l'un d'entre eux a été "piraté" deux nuits auparavant. Piraté est un grand mot. Il s'agit en fait d'un vol de pièce détachées. Les "pirates-voleurs" se sont introduit à bord après minuit pour dérober des pièces de moteurs et quelques cables qu'ils revendront au marché noir. Chose amusante, le tanker était ancré à 400 mètres des vedettes de la police et des douanes. De là à penser à une éventuelle complicité des forces de l'ordre... chacun sera libre de juger comme bon il lui semble.

Notre visite se poursuit dans un kampung (village) de pêcheurs. Bâti sur pilotis, il est situé sur l'autre rive de l'estuaire. On ne peut y accéder que par les embarcations des pêcheurs. La première chose qui frappe, c'est la misère. Josef me confirme que les pêcheurs font partis des catégories les plus pauvres de la population indonésienne. Aucune politique n'est mise en oeuvre aussi bien au niveau national qu'au niveau local. Est-ce une nouvelle preuve de se désintérêt pour la mer? Sans doute. Pourtant, l'Indonésie aurait tant à gagner, à se tourner vers l'élément maritime.

Les enfants qui jouent dans l'estuaire m'interpellent, me demandent de les prendre en photo. Les parents vaquent à leurs occupations. Notre guide pêcheur nous explique que la vie ici est difficile, les prises de plus en plus limitées, et la concurrence se fait sentir jusque dans les eaux territoriales, où les pêcheurs étrangers n'hésitent plus à venir piller les ressources pisicoles. Pour ne pas se faire prendre, ils hissent un pavillon indonésien. Et surtout, ils prennent soin de disposer avec eux du montant de l'ammende demandée par la police indonésienne. On peut alors évoquer une véritable préméditation.

En visitant ce Kampung, je prend aussi conscience de la réalité de cette "piraterie". il faut bien la définir. Les vols sont surtout le fait de pauvres bougres qui n'ont aucune ressources et peuvent se faire de l'argent facile. Les attaques sont sans doute d'une autre nature. mais, bien qu'à ce jour je ne sache pas si les pêcheurs sont réellement les auteurs de ces attaques, sans les excuser, ces actes seraient compréhensibles.

vendredi 28 mai 2010

Medan: le port international de conteneur


Pas besoin de réveil, le room service de mon petit hôtel sans prétention me lève du lit en apportant mon petit déjeuner. Il y a des choses bien appréciable dans la vie. Mais je n'ai pas beaucoup de temps devant moi. L'un de mes contacts m'a donné plusieurs numéros à appeler afin d'avancer dans mes recherches. Premier appel vers le consulat US. J'obtiendrais alors d'autres coordonnées qui malheureusement, ne donneront rien. Mais mon second appel porte ses fruits. J'ai rendez-vous dans une compagnie de transport maritime (shipping) dont je ne citerais pas le nom. Non pas pour m'abstenir de toute publicité, mais plutôt parce que cette personne m'ayant rendu un grand service, et que je ne veux pas qu'elle se retrouve ennuyée par cela.

Me voici donc dans les locaux de la société. La crainte qui semble dominer au sujet de la piraterie est une évolution de type Golfe d'Aden dans la région. Mais il semblerait toutefois que celle-ci ne soit pas encore à l'ordre du jour. Mon interlocuteur me propose de visiter le port de conteneur dans l'après midi. J'accepte avec joie et me voici dans l'un des tous derniers SUV Toyota en direction de Belawan. cette fois-ci, pas de route en mauvaise état mais une belle autoroute bien lisse et où le trafic est étonnamment calme.

Une fois à Belawan, nous retrouvons Salman, employé pour le dédouanement des conteneurs par la compagnie. Il nous parlera de Pulau Berhala comme étant un repère de pirates, mais dans une région du monde où la rumeur et le gossip sont institutionnalisé, il semble difficile de s'y fier.

Nous arrivons ensuite au port de conteneur où je pourrais obtenir les informations qui me font défaut. Cassons un mythe, Belawan n'est pas un grand port. Il s'agit d'un feeder port comme je l'apprendrais le lendemain en rendant visite à la représentante d'une autre compagnie de shipping. c'est à dire que les massifs porte-conteneurs ne font pas escale ici. Ils vont à Singapour et à Port Klang, où les rejoignent les conteneurs de marchandises chargés à Belawan.

La visite se terminera deux heures plus tard, puis, nous reprendrons la route pour rejoindre Medan. Les embouteillages accompagneront notre périple en ville. Je me prépare alors pour une autre journée d'interview et de découverte. Mais avant cela, j'ai rendez-vous avec un français travaillant à Medan. Arrivant avec de l'avance, j'ai tout le loisir de constater que Medan est une ville friquée. Plus précisément, les éthnies chinoises disposent d'énormément de fonds, et cet argent est dépensé, come le montre les tenues mode et fashion de ces jeunes indonésiennes chinoises, où les immenses SUV qui viennent les déposer devant le Cambridge Mall. La visite que jeffectuerais le lendemain aura lieu dans un milieu totalement différent.

Medan: Les pêcheurs et les Mafieux


Jul nous propose de rendre visite à certaines de ses connaissances. Tout d'abord, les pêcheurs et leur patron. Nous quittons son domicile et nous dirigeons vers l'une des jetée de la ville. Les embarcations de pêche déversent alors à même le sol des crevettes et autres calamars. Quelques poissons font eux aussi parti de la pêche du jour, au grand plaisir des chats gras et galeux qui rodent sur le petit port de pêche. La rencontre avec le patron des pêcheurs est dans un premier temps assez glaciale. c'est un homme pressé qui ne lâche pas des yeux sa calculatrice. il attends encore quelques bateaux et de nouveau clients. Il acceptera, avec plusieurs pêcheurs, de répondre à mes questions.

Le principal problème des pêcheurs semble être les limitations territoriales. En effet, le détroit de Malacca est partagé à cet endroit par la Malaisie et l'Indonésie. Mais d'autres nations viennent pêcher ici, notamment des Chinois, des Taiwanais, des Thaïlandais et des Japonais. Ils n'hésitent pas à s'immiscer dans les eaux territoriales indonésiennes avec de gros chalutiers, poussant les pêcheurs locaux plus loin: dans le détroit, sur le rail de navigation, et dans les eaux malaisiennes. Malheur à celui qui se fera prendre: la Malaisie confisque les embarcations de pêche et envoie directement en prison les travailleurs de la mer qui auraient eu l'audace de s'égarer. La situation des pêcheurs en Indonésie n'est pas vraiment enviable, je développerais dans un autre billet concernant Medan. Et ils ne sont pas aidé par un gouvernement qui ne comprends toujours pas l'intérêt maritime du pays. Alors, parfois, on trafic. pas grand chose, mais on trafic tout de même, et souvent avec les militaires et la police...

Une rencontre une fois de plus surprenante, qui va en emmener une autre non moins palpitante. Nous quittons les pêcheurs pour rejoindre le siège du Pemuda Pancasila, ou PP. Au départ, il s'agit d'une organisation de jeunes fondée par Soekarno afin de faire respecter le Pancasila (voir ici http://fr.wikipedia.org/wiki/Pancasila). Devenu puissante, cette organisation, notamment à Belawan, est en quelque sorte une mafia. Nous rencontrerons certains membres qui nous parlerons de leur conception de la sécurité du port. J'apprendrais par la suite qu'il s'agit d'une véritable Mafia organisée, qui rackette et combat d'autres organisations similaires afin d'obtenir le monopole du business des parkings (dont j'avais parlé sur un message concernant la police et les militaires en Indonésie).

Les membres du PP sont donc au courant - et participent - a beaucoup d'activité sur le port de Belawan. Ils nous proposeront une visite du port que nous refuserons avec beaucoup de politesse, afin d'éviter d'éventuels désagréments. Voici un extrait de l'interview menée...

"Ah non, pas de drogue ou d'armes ici. Bon, d'accord, il y a les blackberry, les laptop, mais regarde moi, je suis une petite personne, donc si je fais un petit trafic ce n'est pas grave, car ce n'est que des petites choses!" "les cigarettes aussi, on les envoie à Port Klang [Malaisie], mais ce n'est que des petits trafics. Tu crois que c'est illégal? Moi je te dis, la drogue les armes, tout ça c'est mal. Bon, de temps en temps, il y a des trafics comme ça ici. Mais tu dois savoir que tout le monde fait ça. Et je te le dis, on ne prend que des petites choses".



Cette première journée se terminera par un repas dans la famille de Josef, une rencontre informelle avec un militaire, et un retour sur Medan. Un premier jour complet et fatiguant, mais il reste encore tant de chose à découvrir...

Photo: les membres du PP posent fièrement

Medan: Chez Jul, l'ancien marin


Départ de Medan, direction Belawan. Une première après midi qui s'annonce chargée. mais il faut d'abord franchir les 25 kilomètres qui sépare Medan de son accès au détroit de Malacca, et au monde. 25 kilomètres, y compris en scooter, cela ne semble rien. Encore faut-il voir à quoi ressemble cette route. l'une de spire que j'ai pu voir depuis mon arrivée. Et question circulation, elle en impose! camions - qu'ils soient citernes, porte conteneur ou transport de sable -, mini bus, bus, voiture et cyclomoteur. Un joyeux bordel tout au long de la route.
Josef décide de faire une pause dans un temple chinois. Interlude intéressant:la ville liée à ce temple est devenue une sorte de citée fantôme, ses habitants l'ayant déserté pour trouver du travail ailleurs. mais ils reviennent chaque mois de juillet afin de prier au temple.

Nous repartons sur Belawan. Notre premier contact est l'oncle de Josef, nommé Jul. Un ancien marin à bord d'un cargo. Afin de vous donner la meilleure impression possible de ce que fut mon séjour à Belawan, j'ai décidé de citer des extraits des interviews. Pour situer le contexte, la famille de Josef réside dans un petit village, un Kampung comme on dit ici, à l'extérieur de Belawan. Paysage de mangrove et de marigaux. Minarets et clochers se côtoient à quelques dizaines de mètres les uns des autres. Car ici, la mixité religieuse est de mise. Mais revenons à ce premier contact, l'interview de Jul

Jul est né à Medan. Il connaît tout le monde ou quasiment. Il nous accueille dans sa maison, un kampung perdu dans la mangrove. Nous discutons autour d’un verre de Milo, ce chocolat chaud instantané si prisé des indonésiens. Au mur, un tapis décoratif rococo représentant des frégates en plein combat. « Bajak Laut! » (pirates!) déclare Jul, tout en rigolant. Un peu plus loin, les photos de famille. Jul à Shanghai, lors d’une escale, son père, vétérans chez les Marinirs. Et une autre membre de la famille, capitaine à bord d’un porte-conteneur. Une vraie famille de marin.
Jul a été embarqué sur un cargo et a navigué sur toutes les mer de l’Asie et de l’Océanie : Colombo, Laem Prabang, Shanghai, Seoul, Sydney, son navire – un vraquier -a transporté du sable indonésien dans tous ces pays.
A propos des fameux pirates, il n'hésitera pas un instant. Il est prêt à mourir, mais il sait se défendre. Quand on lui demande qui sont les pirates, sa réaction est relativement intéressante " on dit qu'il s'agit de pêcheurs. Mais moi, je n'ai jamais vu un pêcheur avec un pistolet ou un fusil. par contre, la police elle, elle en a des pistolets et des fusils"


Une rencontre passionnante qui, comme vous le verrez dans les prochains messages, en entraîne beaucoup d'autres

Medan, L'arrivée


Départ matinal de Jogja. Le décollage de mon avion est initialement prévu à 7h du matin. Après une correspondance à Jakarta, je dois rejoindre Medan en fin de matinée. Mais c'était sans compter sur la compagnie Lion Air. Bon, j'exagère quelque peu car je suis arrivé à bon port sans trop de retard. Mais quel bazar! Commençons par le commencement: Lion Air reste une compagnie "blacklistée" par l'Union Européenne. mais faute de grives, et face au tarifs exorbitants des autres compagnies, j'ai opté pour celle-ci (bien que l'aller retour à Medan dépasse les 180€, ce qui reste cher pour le pays).

bref, j'arrive à l'aéroport de Jogja, et que dire: un véritable bordel devant les comptoirs d'enregistrement de Lion Air. Le concept de "respect de la file d'attente" n'est pas vraiment en vogue en Indonésie. Tout le monde bataille, et je finis par me lancer, après 20 minutes d'attente, à l'assaut du comptoir Business Class. j'enregistre 10 minutes avant le départ prévu de mon vol...Qui partira finalement avec un retard de 20 minutes. Le vol est sans encombres, mais l'arrivée à Jakarta sera retardé. J'avais 1 heure de transit. Je n'aurais plus que 20 minutes. J'arrive de justesse à embarquer dans mon vol pour Medan. Deux heures et vingt minutes de vol, une vue superbe sur le lac Toba, et bien entendu, un nouveau franchissement de l'équateur.

Si l'aéroport de Jogja est considéré comme dangereux, celui de Medan l'est tout autant car situé... en pleine ville. Le posé du 737 est assez brusque, et me voici une dizaine de minutes plus tard sur le tarmac. Premier constat, il fait vraiment chaud, beaucoup plus chaud que sur Java. Josef, mon assistant-traducteur, m'attends à la sortie. Josef est professeur en lycée. Il donne des cours de sociologie. Il a une licence de cette dernière obtenue à l'UGM de Jogja et fait donc parti du réseau des anciens élèves. c'est un Batak, l'éthnie majoritaire de Medan et du Nord de Sumatra. Il me dépose à l'hôtel qu'il a -très bien - choisi et me rejoins une heure plus tard afin de déjeuner.

Après un repas composé de porc grillé (Josef est chrétien), de riz et de soupe, nous voici en route pour Belawan. Et josef me réserve beaucoup de bonnes surprises à ce sujet...

PS: en photo, une jolie vue d'avion de Java

vendredi 21 mai 2010

Don Corleone version équatoriale

Mauvaise nouvelle pour mon collègue doctorant espagnol. Son logement a été cambriolé hier soir alors qu'il participait à un match de futsal. A son arrivée, plus d'ordinateurs, de carte de crédit, de montre, de sandales (oui, de sandales...) ni d'appareil photo. Il est donc arrivé ce matin relativement dépité, et on peut le comprendre. Jusqu'à ce que l'un des chercheurs lui recommande de contacter un membre de l'équipe. Ce dernier aurait des connaissances avec le milieu. Quelques minutes plus tard, Joann reçoit un coup de téléphone. Il s'agit du "parrain" de son quartier. il connait le membre de notre équipe car ils sont tous les deux originaires de Madura. Rendez-vous est pris, et je n'en sais pas beaucoup plus pour le moment. Toutefois, l'un des chercheurs m'a expliqué comment allait se passer la rencontre. Le parrain va tenter de retrouver les biens volés. Et va offrir sa protection à Joann: peu de chance de voir un tel évènement se reproduire.

Ce type de réseau existe partout dans le monde. Ce qui est particulièrement intéressant dans le cas indonésien, c'est de voir qu'il vaut vraiment mieux passer par ces mafias locales que par la police. En effet, cette dernière, de l'avis même des indonésiens, est tout bonnement incapable d'assurer la mission qui lui est confiée. Toutefois, la criminalité reste basse, les délits sont assez rares (à l'exception du non respect du code de la route - si celui-ci existe en Indonésie...).
On peut donc assez facilement acheter la protection d'un mafieux du quartier. Certains chercheurs l'ont deja fait et sont aujourd'hui tranquille.

Mais ce qu'il faut retenir, c'est avant tout que si l'on n'éprouve pas pour autant de sentiment d'insécurité, il convient, comme toujours d'être vigilant.
Très sincèrement, la situation est moins dangereuse que celle que l'on peut connaître en Europe, mais la vigilance doit rester le maître mot. A l'instar des terrains de recherche, il faut savoir s'entourer des bons interlocuteurs, signaler aux autorités compétentes ses déplacements, et parfois, ne pas chercher à trop en savoir. C'est fort de ce rappel méthodologique que je me dirige dimanche sur Belawan et Medan. Une enquête dans le milieu portuaire, rien de tel pour commencer mon terrain. J'essayerais de me connecter afin de donner quelques nouvelles, mais si ce n'est pas le cas, je serais de retour sur internet jeudi soir.

dimanche 16 mai 2010

Visite de politesse et mariage javanais (Bis repetita)



Samedi, je suis de visite ! Une chercheuse à donné naissance à une petite fille, et comme le veut la tradition indonésienne, il est de coutume de lui rendre visite. Je m’arrange avec les assistantes de recherche pour effectuer cette visite avec elles. Me voici parti dans le Nord de la ville afin de présenter mes félicitations à Mbak (Mademoiselle/Madame, prononcer MmmBââ) Aziza et à sa petite Aisha. Et comme dans toute réunion indonésienne, il est nécessaire de boire du thé ultra sucré et de manger fruits et autres gâteaux locaux. La visite se passe bien, et comme souvent, je suis présenté aux enfants comme « Oom Alban », ou oncle Alban. La plupart ne voit que peu d’occidentaux, ce qui laisse de temps à autres place à des scènes cocasses. Une fois la timidité vaincue, les petits garnements n’hésitent plus à s’approcher et à essayer de parler en Indonésien ou avec pour certains, quelques mots d’anglais.

Suite à cette visite, nous irons chez l’une des assistantes afin de boire un verre de jus de fruits. Mais je pense déjà au lendemain et au mariage javanais auquel je suis – indirectement – convié. Une amie doit s’y rendre, et le marié à longtemps étudié le français. As usual, je suis le seul occidental présent, mais je profite bien de l’ambiance que j’apprécie (malgré la chaleur étouffante de ce dimanche). On passe alors encore tout son temps à manger, à discuter. J’en profite pour faire connaissance avec des étudiants indonésiens ayant appris le français, l’une d’entre elle ayant vécu à Paris durant 3 ans. Je dois avouer que j’ai quelque peu honte de mon niveau d’indonésien quand je les entends manier à la perfection le français. Cependant, voici une motivation supplémentaire pour travailler un peu plus cet aspect de mes recherches.

Ma journée se termine, après un très bon diner dans un warung local (Bœuf sucré et frit, poulet frit, épinard amer et riz) par un énorme orage. Il pleut des cordes et l’électricité est coupée depuis plus d’une demi heure. En espérant qu’elle revienne avant demain afin que je puisse poster ces messages sur le blog.
A venir cette semaine, le récit de mes préparatifs pour rallier Medan, dimanche prochain si tout ce passe bien.

Pantai Kukup


Je décide de m’échapper de Baron et de sa cohue. Après tout, il n’y a pas grand-chose à voir. J’ai souvent entendu parler de Kukup, une plage située à 1 kilomètre à l’Est de Baron. Me voici à nouveau sur la route pour une courte escapade. Première surprise, il y a moins de monde, ce qui n’est pas désagréable. Seconde surprise, il faut marcher un peu plus pour se retrouver sur la plage. Et celle-ci n’est visible qu’au dernier moment, réservant alors toutes ses surprises. Du sable "blanc", un récif et au-delà, des vagues qui pour certaines dépassent les 3 mètres de haut, venant s’écraser sur les barres de rocher. A gauche, un « petit Bali », avec un immense rocher au sommet duquel l’on peut avoir une superbe vue sur une bonne partie de la côte.

Je profite du calme relatif pour observer les Indonésiens profiter des joies balnéaires. On va se baigner tout habiller ici. Enfin, c’est plutôt patauger que se baigner. Et je repense à mes recherches, à certains articles en attente de publication, et notamment sur la question de la vision maritime de l’Indonésie. Comment le plus grand État archipélagique du monde peut-il se contenter d’une vision centrée sur ses terres ? A voir l’appréhension avec laquelle les javanais appréhendent la baignade, je repense aux écrits d’Eric F., chercheur français spécialiste de la piraterie. Il s’interroge – à juste titre – sur cette relation que les javanais – hommes et femmes de pouvoir de l’Indonésie – ont avec la mer. Les légendes de la Déesse des Mers du Sud conjuguées à cette absence d’ambition maritime ont-elles alors un impact sur cette absence de vision maritime ? C’est fort probable.

Je laisse de côté ces réflexions afin de profiter au maximum de ma journée de vacances. Pas de baignade pour moi (je n’ai pas de t-shirt de rechange et je ne veux pas choquer les locaux en me baladant torse-nu) mais une bonne heure à regarder les vagues. Cet endroit est si reposant, la route est certes longue pour y accéder, mais quel bonheur ! C’est sur, j’y reviendrais, afin cette fois-ci de profiter de la mer. Il est temps de partir. Je m’attarde toutefois un instant sur les « aquariums » de fortune qui font aussi la réputation de Kukup. A même le sable, des « bas » délimités par une bâche plastique et des rondins de bois. Un peu de sable, une pompe et se côtoient des poissons de récifs multicolores, pêchés à même le rivage et attendant d’être vendu aux Yogyakartanais de passage.

Je reprends la route en décidant cette fois-ci de passer par ce que l’on pourrait considérer comme une nationale. Cette route, engorgée de camion, serpente dans le relief escarpé. Rien de bien difficile, mais voilà qu’un orage me surprends. Elle ne va donc jamais se terminer cette saison des pluies ? Me voilà dans une belle montée avec un véritable torrent qui dévale, malgré tout, les 125cm 3 de mon scooter me permettent de gravir cette côte. A son sommet, un panorama sur toute la plaine de Jogja. Malheureusement, le ciel est quelque peu couvert et il est impossible de distinguer le Merapi. Mais ce n’est pas grave, j’ai eu une belle journée. A peine arrivé, la pluie recommence à tomber et ne cessera qu’à 21h… Mais il est temps de se remettre au travail pour les deux derniers jours de la semaine !

vendredi 14 mai 2010

A la plage – part I




Quelle fin de saison des pluies ! Cela ne s’arrête pas, alors que nous devrions déjà être dans la saison venteuse, la meilleure de toutes selon mes camarades locaux. Eh bien non, tous les jours ce sont des trombes d’eau qui se déversent sur Java. Mais voila, ce jeudi, c’était jour férié (le fameux Jesus (Issa chez les Musulmans )naik). Et je n’avais qu’une envie, quitter Jogja, afin de prendre un peu l’air. N’ayant pas la volonté cette fois-ci d’aller jusqu’à Bali (mon camarade Espagnol y est encore pour quelques jours), j’ai toutefois une folle envie de me retrouver au milieu des embruns. Je connais déjà Parangtritis, mais j’entends parler depuis mon arrivée de deux plages situées à plus de 60 kilomètres de Jogja, pantai (plage) Baron et pantai Kukup. La promesse : des plages magnifiques où l’on ne peut malheureusement que patauger. La réalité sera un peu plus mitigée, comme vus le verrez. Un coup d’œil sur ma carte, quelques conseils glanés ici et là, et me voici jeudi à 8h30 sur ma moto, direction Baron. Toutefois, je n’ai pas spécialement envie d’emprunter la voie « rapide » et je me lance à l’aventure sur de petites routes.

Premier constat, la signalisation est plus que sommaire. Me voici sur une route parallèle et de moindre importance. Fort heureusement, j’ai ma fidèle carte avec moi, et je finis par me repérer. Deuxième constat, ça grimpe. Car il faut en effet franchir un petit massif afin d’arriver sur le bord de mer. Et là, après avoir traverser des rizières, je me retrouve sur de petites routes magnifiques, au milieu de la foret, avec des dénivelés importants tout le long. J’en profite pour m’arrêter de temps à autres et tenter un brin de conversation avec les habitants du coin. Mais la route reste longue. Après avoir passé le petit village de Dlingo, totalement reculé et isolé, je me lance à l’assaut de ce que je pense être la partie la plus facile de mon voyage.
Grave erreur, c’était sans compter sur une route en réfection sur plusieurs kilomètres. Ici, on ne s’embête pas : on détruit tout et on reconstruit tout en même temps. Pendant 3 bons kilomètres, me voici au pas, sur de la caillasse. Mais la récompense arrive, je sens déjà les embruns. Et me voici à Baron.

Comment décrire Baron? Du sable jaunâtre, des barques de pêches en pagaille sur le rivage, une rivière souterraine qui débouche sur une petite baie. Une odeur de poisson plus ou moins frais, des secouristes qui n’ont pas grand-chose à voir avec ce que l’on peut voir chez nous – il faut reconnaître que la baignade étant interdite à l’exception de l’embouchure de la rivière souterraine, leur travail est limité – et bien sur, des cerfs volants. Je trempe rapidement mes pieds dans l’eau, mais très vite, le nombre conséquent de personnes sur cette plage me pousse à me réfugier dans un warung, c’est restaurants en plein air, afin de commander un thé glacé. Il est alors temps d’aller voir Kukup, qui est sans doute le joyaux de cette côte bordée par la Mer du Sud.

Mais avant de vous décrire Kukup, une précision sur la dangerosité de la Mer du Sud. Pourquoi autant de vagues et de si forts courants ? C’est en fait très simple. L’Indonésie est située dans la ceinture de feu du Pacifique, elle en est même l’un des principaux points. Les volcans sont nombreux sur terre, ce qui laisse présager de la nature des fonds marins. En effet, de Sumatra jusqu’en Nouvelle Guinée, c’est le point de rencontre des plaques tectoniques qui borde l’archipel. Ainsi, qui dit plaques tectoniques dit souvent fosses océaniques. C’est le cas à Java, où à quelques kilomètres des côtes, les profondeurs deviennent abyssales. Ainsi, les courants sont importants. On me rapportait encore ce matin que les noyades sont nombreuses et les corps ne sont que fort peu souvent retrouvés.
Une illustration valant mieux qu’un long discours (le fameux pouvoir de l’image, si cher à une personne de la Marine que j’ai connu à Toulon), voila qui permet de comprendre pourquoi cette mer est si dangereuse.
Prochain message, la découverte de Kukup...
[img]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/thumb/b/b1/NASAJuly2006JavaEarthquake.JPG/300px-NASAJuly2006JavaEarthquake.JPG[/img]

Comment j’ai escroqué la police



Samedi dernier, je prends le périphérique pour rentrer chez moi. Sur Jalan Gejayan, l’avenue sur laquelle donne ma maison, j’aperçois un policier faisant signe à l’ensemble des cyclomoteurs de s’arrêter. Me voici dans une ruelle avec des dizaines de scooters et motos et une bonne douzaine de policiers en uniforme. Ils sont là pour vérifier les papiers et permis des usagers. Pour les papiers, aucun soucis, je les ai. Le cas du permis est un peu plus complexe.
Je l’ai déjà évoqué, la corruption est omniprésente ici. Surtout au niveau de la police. Ainsi, les Indonésiens ont tendance à plaisanter de leur examen permettant d’obtenir le permis de conduire. Ils répètent souvent que cette épreuve est tellement difficile que personne n’arrive à obtenir son permis sans le payer. Il suffit donc de se rendre dans un poste de police, de payer 400 000 IDR (soit 32€ a peu près, au misérable taux de change actuel), et voila, vous avez un permis. Je ne l’ai pas encore fait, mais je compte m’y rendre avant de partir, histoire d’avoir un souvenir original de mon séjour.
Bref, me voici face à l’agent de police, je tends mes papiers et il me demande mon permis. Je m’excuse et lui dis que je l’ai laissé chez moi. Il s’apprête à me laisser passer quand son collègue, essayant de s’exprimer dans un anglais approximatif, me signale que je dois payer une amende. Très sincèrement, je m’apprétais à payer, avec le peu de liquide que j’avais sur moi, quand je me suis dis que je pouvais tenter quelque chose. J’annonce au policier que j’ai mes permis français avec moi. Je prends donc mon porte feuille et lui tends ma carte de transport en commun à Lyon ainsi que ma carte d’identité militaire. Cette dernière, avec son tampon officiel fait son effet. Mais plus surprenant c’est la carte de transport qui fera la décision. Merci aux TCL d’avoir inscrit « BUS » « M » (pour métro ) et « T » sur cette carte. Car mes deux policiers, pas vraiment très malins il faut dire (mais je rappelle que la police ici n’est pas efficace : on paye pour l’intégrer) se font piéger, en me demandant si je peux aussi conduire un bus. J’affirme que oui, me retenant de rigoler, et les voila me laissant poursuivre ma route sans payer la moindre amende. Ce pays ne cesse de me surprendre…

jeudi 13 mai 2010

Des photos, pour patienter


Quelques nouvelles photos de mon expédition du jour à Baron et Kukup, deux plages situées à 60 kilomètres de Jogja.
A venir, des nouveaux messages sur une semaine bien plus chargée que prévue

Le lien pour les photos:
http://picasaweb.google.fr/alban.sciascia/IndonesiePantaiBaronPantaiKukup#

mercredi 5 mai 2010

Cinta Ayam, Ayam Cinta?


On pourrait traduire par « poulet mon amour, mon amour de poulet ». Car oui, la principale nourriture ici, c’est le poule. Et vous savez déjà ce que je pense de la nourriture indonésienne en générale. Elle n’arrive malheureusement pas à la cheville de celle de ses voisins. Tout du moins pour ce qui est de la Thaïlande – qui est vraiment la numéro 1 – la Malaisie et le Vietnam (je ne connais pas les cuisines cambodgiennes et laotiennes).
Donc, le poulet… On le voit partout, vivant, mort, frit, grillé, en brochettes trempées dans une épaisse sauce de cacahouètes, en soupe, avec des nouilles, dans du riz, enrobé d’une sauce gélatineuse et sucrée, bref, on apprends à aimer le poulet. Et il y existe une façon de le préparer qu est tou
t bonnement exceptionnelle, le poulet frit ou Ayam Goreng. Oublié l’image du colonel du KFC et autres fast food. Là, on ne peut pas encore parler de recette irrésistible et divine, mais d’un très bon plat. Le poulet marine d’abord pendant un bon moment dans un bain d’épice et de lait de coco, En suite, il est recouvert d’une fine chapelure parfumée et très salée, puis plongé dans une huile bouillante. Comme l’ensemble des meilleurs plats indonésiens, ca se mange avec du riz blanc, des épinards e surtout les doigts.(en photo, le fameux Ayam Goreng).

Voila pour le bon côté de la nourriture locale. J’avoue que le reste me dépasse souvent, surtout le tempe. ce truc est dégueulasse, il faut imaginer une sorte de « paté » de germes de soja sous forme de poisson pané. Vous y ajoutez l’odeur du vieux et sans doute un gout de vieux, et vous avez cette horreur. Ma seule solution pour l’avaler, c’est de l’enrober de Sambal, une sauce piquante qui réveillerait un mort !

Dernier point à aborder, le gras et le sucre. Les chances de devenir diabétique ou obèse en Indonésie sont élevées. Tout est cuit dans l’huile, alors qu’il est possible de simplement griller de délicieux poissons, ici on préfère une huile grasse à souhait. Le sucre, c’est le problème numéro 1. Ici, pas de thé sucré, mais du sucre au thé pour reprendre le bon mot de mon ami Eric F. Il faut donc toujours penser à demander une version sans sucre si l’on veut éviter l’impression d’avoir les dents rongées à chaque gorgée.

PS: et tant que j'y pense, le "fromage" Enfin, ce qu'ils nomment fromage et qui n'est qu'une escroquerie qu'ils mettent sur tous les plats sucrés...
PSé/ En photo, le fameux Ayam Goreng. Pas le meilleur que j'ai mangé, mais un très bon, juste à côté de chez moi (et à 80 centimes l'assiette, on se régale!)

Les petits boulots



L’une des choses qui peut marquer l’observateur, c’est le nombre de petits boulots. Gardien de mot sur un parking improvisé en bord de route, vendeur ambulant de nourriture, de lunettes de soleil, Dvd contrefaits, fruits et légumes alignés en stand, etc.
Les activités sont diverses et variées. Et cela s’explique par la situation actuelle de l’Indonésie. Soyons toutefois clair : investir en Indonésie, c’est possible et même souhaitable. Mais l’Indonésie reste un pays en développement, un pays du tiers monde. Il est diffcile d’évaluer le salaire moyen. Pour donner une idée plus précise, disons qu’un personnel administratif dans une université touche entre 1000000 et 1300000 IDR (roupiah) par mois. Soit entre 80 et 105€. Un professeur d’université va lui toucher 3000000 IDR (280€) par mois. Et un fonctionnaire du Ministère de l’Economie peut espérer 12000000 (1000€). L’échelle des salaires est donc relativement variable. Nombre de personnes doivent vivre avec 300 000 IDR par mois, soit 26€ à la louche. Quand il faut nourrir une famille, on imagine les difficultés.
Le cumul des emplois existe, mais est-il réellement quantifiable ? j’en doute. Et à la vue de ces inégalités salariales, on se dit qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire pour ce pays. Au contraire de la Malaisie, l’Indonésie n’a su négocier ce tournant. Alors qu’en Malaisie, tout semble fait pour investir, ce n’est pas le cas de l’Indonésie. Et la politique d’ouverture du pays sur l’étranger pose elle aussi problème.

Tout ça pour dire que le manque d’investissements étrangers poussent les populations à s’adapter en développant ces petits boulots. Et pour manger, on élève des poulets à même la maison. Ce qui pose la question du risque sanitaire, dans l’un des pays les plus touchés par la grippe aviaire. Mais comme me le faisait si justement remarqué un assistant de recherche, ici, pour une partie de population, la principale préoccupation c’est de manger tous les jours, donc la sécurité sanitaire ou alimentaire, on y pense que très peu voire pas du tout. Et l’on écoute ce que dit le gouvernement quitte à protester après. Mais je reviens sur la nourriture juste après !

Flash flood ou le plaisir des inondations surprises



Officiellement, la saison des pluies est finie. Je dis bien officiellement. Car tous les jours, la pluie persiste. Plutôt que la fin d’après midi, comme à l’accoutumée, les orages débutent dès 14 heures pour se poursuivre parfois jusqu’à la prière de fin de journée (18h). J’ai eu l’occasion aujourd’hui de constater les dégâts de ces averses. Ayant attendu sagement la fin du gros du grain, je m’élance vers la maison. Première surprise, il ne subsiste que des grosses flaques sans grande importance. C’était sans compter sur la topographie torturée de Yogyakarta. Je me décide à prendre un raccourci et me retrouve, en passant une côte, dans un torrent. J’ai beau chercher la route, je ne la vois pas. En effet, la route est devenu le lit d’une rivière. Observant les locaux, je me rend compte que la solution est de maintenir le guidon droit, de relever les jambes et d’accélérer. Et ça marche !
Pourtant, l’aventure ne fait que débuter. Arrivé sur Jalan Colombo et son énorme pente, je vois quelques motos en difficulté. Et c’est là que j’apprécie la boite manuelle de mon scooter. Pas besoin de trop réfléchir, il suffit de faire appel à la puissance du moteur, et cela passe. Enfin, cela passe jusqu’à un certain point. Le haut de la rue est devenu lui aussi une rivière. Ca et là, des passants s’improvisent agents de la circulation. Il faut faire reculer ce bus, puis laisser passer les deux camions. Ensuite, ce sera le tour des motos. L’attente au milieu de l’eau durera bien 5 bonnes minutes. Je me décide à prendre des photos, et bien sur, c’est à nous de passer. Me voici dans dédale de petites rues qui me font déboucher sur des endroits dont je ne soupçonnais pas l’existence. Balade sympathique, mais humide. A ma grande surprise, je finis par arriver chez moi.

Le programme des jours à venir va resté chargé. Une seule exception, un jour férié qui tombe à point jeudi prochain, pour l’ascension. D’ailleurs, avec mon comparse chercheur espagnol, nous avons eu l’occasion de beaucoup rigoler. Car comment traduire l’ascension en Indonésien ? Et bien, rien de plus simple si l’on se fit aux discussions de nos collègues indonésiens : Jesus naik, ce qui signifie, Jésus monte. Pas besoin de se prendre la tête au moins.

jeudi 29 avril 2010

Une journée typique à Jakarta



Le réveil sonne à 4h30, au moment même où le premier appel du Muezzin résonne dans l’aube. Le temps de prendre une douche rapide, de vérifier les mails reçus la nuit passée, et me voila sur ma moto, en direction de l’aéroport. Je ne sais pas si je joue de malchance, mais j’ai le droit à chaque fois à une bruine matinale relativement désagréable.
Une fois à l’aéroport, je m’acquittes des 1500 IDR (roupiahs, soit environ 15cts) pour garer ma moto. Premier check de sécurité, toujours aussi ridicule. Ici, les portiques ne fonctionnent que rarement. Il est alors temps de se frayer un chemin dans la queue menant au comptoir de Mandala. Enfin, le concept de file d’attente reste quelque chose de formidable ici. On double dans tous les sens, les bagages s’entassent au milieu de cartons contenant je ne sais quoi. Vient alors le temps de payer la taxe de départ. Elle est de 25000 IDR à Jogjakarta (40000 à Jakarta).
Enfin, la ruang tunggu, ou salle d’embarquement. Chose surprenante, les tarifs pratiqués ici sont tout bonnement dissuasif : 10000 IDR pour un simple jus de fruit industriel. Avec le retard habituel, il est temps d’embarquer, enfin plutôt de marcher jusqu’à l’avion. Et ce matin, j’ai du patienter une bonne heure dans ce dernier, au sol. En effet, la brume ne permettait pas de décoller. C’est donc avec une heure de retard que j’arrive à Jakarta. Le débarquement est tout aussi surprenant. On marche jusqu’au terminal, sans se poser de questions.

A l’arrivée, deux solutions : le taxi ou le bus. Je préfère opter pour le bus quand j’ai le temps, plus économique et plus sympathique. Après une heure et demie voire deux heures de trajet, me voici dans le centre de Jakarta. Suivant la localisation de mes rendez-vous, je peux opter pour un premier rendez-vous à 9h30, soit cinq heures après m’être lever. Rappelons que la distance entre Jakarta et Jogja se parcourt en une heure de vol. Bref, on perd du temps dans les transports.

Il est impossible d’opter pour plus de deux rendez-vous dans la journée, et si l’un d’entre eux est annulé, (comme aujourd’hui, à l’ambassade des Etats-Unis) on a l’impression de perdre sa journée.
Il est alors bon d’attendre dans un mall ou un café équipé du wifi. Quand celui-ci fonctionne… Car depuis que je viens, je me trouve toujours face au même problème. Du wifi partout, mais qui fonctionne de faon capricieuse, voire jamais. Ainsi, j’envisage sérieusement d’investir dans un smartphone local afin de rester connecté et d’avoir accès à mes mails. Car si les communications d’ordre privé se font par sms, tout ce qui est professionnel transite par mail.

Après une après midi de rendez-vous ou d’attente, il est temps de rejoindre l’aéroport. Il faut compter une heure et demie en taxi, deux heures en bus, si tout va bien. Le vol du retour arrive généralement à l’heure à Jogja, vers 20H30. Le temps de récupérer le scooter, et couvrir les 5 kilomètres qui me sépare de chez moi - avec un arrêt pour acheter du thé glacé et de l’eau – et me voila rentré, bien épuisé par une longue journée.

mercredi 28 avril 2010


Message rédigé lors de mon retour de Jakarta, le mardi 27 avril

Retour dans la ville parasite pour des entretiens. Et ce n’est pas fini, car je dois y retourner dès jeudi. Autant le dire tout de suite, cela ne m’enchante guère. Il faut reconnaître que la perspective de passer plusieurs heures dans les transports en commun pour relier l’aéroport au centre ville n’est pas franchement enthousiasmante. Enfin, pour reprendre l’apprentissage reçu dans la Marine : on s’adapte. Et si possible, le plus rapidement.
Le principal inconvénient, c’est qu’il me faut prévoir des horaires larges afin de tenir compte de la circulation. Dans n’importe quelle ville, il sera tout a fait possible de caser 3 ou 4 rendez-vous dans la même journée (je rappelle que j’arrive à 7h du matin pour repartir à 19h30). Pas ici. Mais le pire, c’est sans doute pour les résidents permanents. Nombre de fois, j’ai entendu les récits de chercheurs qui m’expliquaient qu’il leur fallait parfois attendre jusqu’à 22h avant de pouvoir quitter leurs bureaux. Rien de bien enthousiasmant.

Résultat, j’ai passé mon après midi à tuer le temps. Trop court pour un dernier rendez-vous, trop long pour changer de vol. Et je sais d’ores et déjà que cela sera la même chose jeudi, puis dans deux semaines.
Mais trêve de plaintes. Demain, je donne mon cours en prenant en exemple les conflits ethniques et religieux en ex-Yougoslavie et en Birmanie afin d’apporter une perspective comparative au cas indonésien. Très sincèrement, ma présentation sera résumée au maximum. Entre le match de ce soir et la fatigue accumulée, je vais naviguer au radar demain. Mais la perspective de passer un bon weekend, avec notamment le festival du film français me réjouis.

Plus de nouvelles ce weekend.

Soit dit au passage : je viens d’essayer la compagnie aérienne Mandala. Je rassure la famille, elle n’est plus blacklistée. Le rapport qualité prix semble excellent –bien qu’au moment où j’écris ces lignes, nous sommes bien secoués… saloperies de montagnes ;). Et l'atterrissage sur piste mouillée valait aussi le détour...