vendredi 3 décembre 2010

Independenza!? Ou pas...



un passeport du Sultanat de Yogyakarta. Comme souvent, les réseaux sociaux donnent le ton...
Sous ce titre provocateur, quelques informations sur "le débat" actuel à Yogyakarta, qui mobilise les foules. Non, il ne s'agit pas du volcan, ou d'une énième mesure de lutte contre la corruption...

Il y a une semaine, le président Indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono (SBY) a fait part de son étonnement quant à la position peu démocratique du Gouverneur de Yogyakarta. En effet, celui-ci est aussi Sultan et selon le statut spécial de la région, est nommé et non élu. Réaction d'indignation d'une partie de la population locale. L'autre moitié attends quant à elle un changement radical avec la mise en place d'élections. Le buzz s'est fait sur Internet, avec la publication de "passeport Yogyakartanais", un appel à une utilisation de la monnaie locale sous le sultanat et divers autres témoignages - la plupart ironiques - de la part des internautes.

Au-delà du potentiel comique, cette déclaration de SBY permets d'aborder un véritable casse-tête politique. Pour mieux comprendre, il faut s'intéresser à l'Histoire de la région.

Le Sultanat de Yogakarta est fondé en 1746 et occupe une partie du Royaume de Mataram (Java Centre). Mais voilà, lors d'une dispute, le frère du Roi rejoint l'un des neveux, entré en rébellion. Pour arranger les choses, le colonisateur néerlandais - par essence, le Néerlandais est fourbe. Si vous n'en êtes pas convaincu, je vous invite à découvrir ou redécouvrir l'expression "going Ducth" ici: http://en.wikipedia.org/wiki/Going_Dutch .

bref, le Néerlandais est fourbe et radin, et il décide de profiter de cette lutte pour le pouvoir en scindant le sultanat en deux entités: le sultanat de Yogyakarta bien sur, et le sultanat de Surakarta (aujourd'hui, Solo, considérée par les amateurs comme étant l'équivalent de Yogyakarta au niveau culturel, mais sans les touristes).

Au fil des années, le sultan de Solo se rapproche des Néerlandais. c'est ce qui le perdra lorsque l'Indépendance de l'Indonésie sera proclamée. ostracisé par son rôle de collaborateur, il perd son pouvoir contrairement à celui de Yogyakarta. D'ailleurs, l'adhésion de la région de Yogyakarta à la République Indonésienne se fait selon certaines conditions: entre autre, le gouvernement indonésien doit reconnaître le statut particulier du sultanat, en permettant au sultan de conserver ses privilèges.
Ainsi, le sultan endosse de facto la charge de gouverneur: il n'y a pas d'élection, contrairement aux autres régions d'Indonésie, le sultan est donc nommé gouverneur, pour le meilleur et pour le pire...

En s'interrogeant ouvertement sur ce processus non-démocratique, SBY s'attaque à un véritable serpent de mer. Certes, une partie de la population prône une conservation du statut spécifique de Yogyakarta et des prérogatives du sultan-gouverneur. Mais deux courants s'y opposent. Le premier est ouvertement démocratique. il s'agit majoritairement d'habitants de la région , majoritairement non-originaire de Yogyakarta et qui espèrent la mise en oeuvre d'un réel processus de désignation démocratique.

Le second courant est plus contestable: il s'agit majoritairement d'acteurs politiques de la région qui voient leurs ambitions politiques limitées. La charge de gouverneur peut être perçue comme le summum d'une carrière politique, et les Bupati (à la tête des Kapubaten, qui peut être traduit par département) aimeraient bien accéder à cette fonction suprême.


Alors, bonne ou mauvaise chose? Difficile à dire, mais il semblerait - et c'est une bonne chose - qu'un réferundum soit mis en oeuvre. La bataille risque d'être intéressante à suivre en tout cas!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire