vendredi 28 mai 2010

Medan: Les pêcheurs et les Mafieux


Jul nous propose de rendre visite à certaines de ses connaissances. Tout d'abord, les pêcheurs et leur patron. Nous quittons son domicile et nous dirigeons vers l'une des jetée de la ville. Les embarcations de pêche déversent alors à même le sol des crevettes et autres calamars. Quelques poissons font eux aussi parti de la pêche du jour, au grand plaisir des chats gras et galeux qui rodent sur le petit port de pêche. La rencontre avec le patron des pêcheurs est dans un premier temps assez glaciale. c'est un homme pressé qui ne lâche pas des yeux sa calculatrice. il attends encore quelques bateaux et de nouveau clients. Il acceptera, avec plusieurs pêcheurs, de répondre à mes questions.

Le principal problème des pêcheurs semble être les limitations territoriales. En effet, le détroit de Malacca est partagé à cet endroit par la Malaisie et l'Indonésie. Mais d'autres nations viennent pêcher ici, notamment des Chinois, des Taiwanais, des Thaïlandais et des Japonais. Ils n'hésitent pas à s'immiscer dans les eaux territoriales indonésiennes avec de gros chalutiers, poussant les pêcheurs locaux plus loin: dans le détroit, sur le rail de navigation, et dans les eaux malaisiennes. Malheur à celui qui se fera prendre: la Malaisie confisque les embarcations de pêche et envoie directement en prison les travailleurs de la mer qui auraient eu l'audace de s'égarer. La situation des pêcheurs en Indonésie n'est pas vraiment enviable, je développerais dans un autre billet concernant Medan. Et ils ne sont pas aidé par un gouvernement qui ne comprends toujours pas l'intérêt maritime du pays. Alors, parfois, on trafic. pas grand chose, mais on trafic tout de même, et souvent avec les militaires et la police...

Une rencontre une fois de plus surprenante, qui va en emmener une autre non moins palpitante. Nous quittons les pêcheurs pour rejoindre le siège du Pemuda Pancasila, ou PP. Au départ, il s'agit d'une organisation de jeunes fondée par Soekarno afin de faire respecter le Pancasila (voir ici http://fr.wikipedia.org/wiki/Pancasila). Devenu puissante, cette organisation, notamment à Belawan, est en quelque sorte une mafia. Nous rencontrerons certains membres qui nous parlerons de leur conception de la sécurité du port. J'apprendrais par la suite qu'il s'agit d'une véritable Mafia organisée, qui rackette et combat d'autres organisations similaires afin d'obtenir le monopole du business des parkings (dont j'avais parlé sur un message concernant la police et les militaires en Indonésie).

Les membres du PP sont donc au courant - et participent - a beaucoup d'activité sur le port de Belawan. Ils nous proposeront une visite du port que nous refuserons avec beaucoup de politesse, afin d'éviter d'éventuels désagréments. Voici un extrait de l'interview menée...

"Ah non, pas de drogue ou d'armes ici. Bon, d'accord, il y a les blackberry, les laptop, mais regarde moi, je suis une petite personne, donc si je fais un petit trafic ce n'est pas grave, car ce n'est que des petites choses!" "les cigarettes aussi, on les envoie à Port Klang [Malaisie], mais ce n'est que des petits trafics. Tu crois que c'est illégal? Moi je te dis, la drogue les armes, tout ça c'est mal. Bon, de temps en temps, il y a des trafics comme ça ici. Mais tu dois savoir que tout le monde fait ça. Et je te le dis, on ne prend que des petites choses".



Cette première journée se terminera par un repas dans la famille de Josef, une rencontre informelle avec un militaire, et un retour sur Medan. Un premier jour complet et fatiguant, mais il reste encore tant de chose à découvrir...

Photo: les membres du PP posent fièrement

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