vendredi 26 novembre 2010

L'éruption du Merapi


A mon retour en Indonésie, au début du mois d'octobre, je ne m'attendais pas à vivre une telle expérience: l'éruption du Merapi. Bien sur, le volcan le plus actif du monde est connu pour se réveiller tous les 4 ou 5 ans. Mais cette fois-ci, ce fut ce que les scientifiques nomment déjà l'éruption du siècle.

Tout débuta à la fin du mois d'octobre, avec une forte chaleur dans la région, et une inquiétude croissante du centre de vulcanologie. Le 26 octobre, l'éruption débute. Une trentaine de morts sont dénombrés. Mais le Merapi n'en a pas fini. cette éruption du 26 octobre est somme toute classique. Mais l'intensité de l'activité s'accroit. Dès le 30 octobre, c'est une pluie de cendres qui recouvre la région. A cette période, je suis alors à Bangkok, puis à Kuala Lumpur. Suivant les informations à distance, j'en suis à me demandé si je vais pouvoir rejoindre Jogja.

C'est ce que j'arriverais à faire le 3 novembre 2010. Le paysage vu d'avion est sinistre: l'ensemble des bâtiments sont recouverts de cendres. je rejoins toutefois sans difficulté mon domicile, situé à 7 à 8 kilomètres (selon les cartes, mais je reviendrais sur ce sujet dans un prochain message) du périmètre de sécurité d'alors (15KM).

Le 4 novembre au matin, je suis réveillé par une forte chaleur: à l'extérieur, le temps est magnifique et je peux voir le Merapi cracher son panache de cendres. les nuées ardentes sont de plus en plus nombreuses, et l'on entends parfaitement le volcan grogner. Dans l'après midi, la visibilité est nulle, mais l'ont continu à entendre le volcan. Aux alentours de 17H00, on entendra le volcan à 30KM de distance. restant éveillé, je suis surpris par un coup de téléphone après minuit: ca y est, la grosse éruption a commencée.

le périmètre de sécurité passe à 20KM et j'observe un phénomène intriguant et effrayant: une pluie de sable, de cendres et de résidus de pierre ponce. S'y ajoute une boue volcanique qui va recouvrir l'ensemble de la rue. Ce qui surprend le plus, c'est l'odeur des gaz volcaniques. Et ce calme. Bien sur, on entend au loin les sirènes des services de secours, mais le bruit qui domine, c'est celui de cette pluie de sable. un crissement léger. Perturbant, car inconnu, mais qui n'est pas si dépourvu de charme. C'est sans doute dans ces moments que l'on s'attache à ces petits détails.

Il n'est pas question de prendre des photos. Déjà, c'est déjà la panique aux alentours, l'exode. Les voisins chargent leurs véhicules et fuient, vers le Sud. Mais je décide de rester à mon domicile, préférant éviter de prendre des risques sur des routes surchargées de réfugiés et de déplacés. Et puis, en se rapprochant des voisins, je me rends compte que ces derniers sont branchés sur la fréquence radio des Tim SAR, ces équipes de volontaires qui sans équipements vont braver les nuées ardentes afin de secourir les victimes. Mieux vaut faire confiance à des connaisseurs plutôt qu'aux médias indonésiens. Ces derniers ne méritent rien d'autre que le mépris. Sous couvert de liberté d'information, ils sont les principaux responsables d'une panique qui auriat pu coûter des vies.

Aux alentours de midi le vendredi 5 novembre, je décide d'évacuer à mon tour. Non pas que la maison soit menacée. Mais je n'ai plus d'eau. Il semblerait que l'ensemble des réservoirs soient envahis par les boues volcaniques. Me voici alors parti pour 5 nuits en hôtel, suivant l'évolution de l'éruption et essayant d'aider dans la mesure du possible.

Le retour se fera le mardi suivant, alors que l'eau est elle aussi revenue. Depuis? une vigilance accrue et l'attente d'une fin officielle de ce qui est encore aujourd'hui l'éruption du siècle

2 commentaires:

  1. Wow, je me demandais à quel point ça avait pu te toucher... mais heureusement que tu vas bien (je le savais déjà par FB ^_^)
    Isabelle

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  2. Oui, il faut l'avouer, on a eu chaud ;)
    Maintenant la situation s'améliore, et il ne reste plus qu'à patienter pour une fin officielle de l'éruption... tout en restant très vigilant ;)

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