samedi 29 mai 2010

A venir


A venir: La fin du séjour à Belawan (un ou deux messages)et le planning des semaines à suivre. Jakarta, une fois de plus (voire même deux fois de plus), la Malaisie, un retour à Belawan. Et peut être d'ici quelques semaines 3 jours à Bali.
En attendant, voici le lien pour les photos de Belawan:

http://picasaweb.google.fr/alban.sciascia/IndonesieBelawan#

Medan: Le village de pêcheur


Après un rendez-vous dans une autre compagnie de Shipping, me voici en route avec Josef pour Belawan. Aujourd'hui, nous allons louer les services d'un pêcheur pour une petite balade sur l'estuaire. Je comptais aller jusqu'au détroit, mais la houle ne le permettra pas. Nous nous rapprocherons toutefois du port cargo de Belawan et effectuerons un trajet sympathique auprès des pêcheurs et petits tanker à l'ancrage dans le fleuve.

Notre guide nous informera d'ailleurs que l'un d'entre eux a été "piraté" deux nuits auparavant. Piraté est un grand mot. Il s'agit en fait d'un vol de pièce détachées. Les "pirates-voleurs" se sont introduit à bord après minuit pour dérober des pièces de moteurs et quelques cables qu'ils revendront au marché noir. Chose amusante, le tanker était ancré à 400 mètres des vedettes de la police et des douanes. De là à penser à une éventuelle complicité des forces de l'ordre... chacun sera libre de juger comme bon il lui semble.

Notre visite se poursuit dans un kampung (village) de pêcheurs. Bâti sur pilotis, il est situé sur l'autre rive de l'estuaire. On ne peut y accéder que par les embarcations des pêcheurs. La première chose qui frappe, c'est la misère. Josef me confirme que les pêcheurs font partis des catégories les plus pauvres de la population indonésienne. Aucune politique n'est mise en oeuvre aussi bien au niveau national qu'au niveau local. Est-ce une nouvelle preuve de se désintérêt pour la mer? Sans doute. Pourtant, l'Indonésie aurait tant à gagner, à se tourner vers l'élément maritime.

Les enfants qui jouent dans l'estuaire m'interpellent, me demandent de les prendre en photo. Les parents vaquent à leurs occupations. Notre guide pêcheur nous explique que la vie ici est difficile, les prises de plus en plus limitées, et la concurrence se fait sentir jusque dans les eaux territoriales, où les pêcheurs étrangers n'hésitent plus à venir piller les ressources pisicoles. Pour ne pas se faire prendre, ils hissent un pavillon indonésien. Et surtout, ils prennent soin de disposer avec eux du montant de l'ammende demandée par la police indonésienne. On peut alors évoquer une véritable préméditation.

En visitant ce Kampung, je prend aussi conscience de la réalité de cette "piraterie". il faut bien la définir. Les vols sont surtout le fait de pauvres bougres qui n'ont aucune ressources et peuvent se faire de l'argent facile. Les attaques sont sans doute d'une autre nature. mais, bien qu'à ce jour je ne sache pas si les pêcheurs sont réellement les auteurs de ces attaques, sans les excuser, ces actes seraient compréhensibles.

vendredi 28 mai 2010

Medan: le port international de conteneur


Pas besoin de réveil, le room service de mon petit hôtel sans prétention me lève du lit en apportant mon petit déjeuner. Il y a des choses bien appréciable dans la vie. Mais je n'ai pas beaucoup de temps devant moi. L'un de mes contacts m'a donné plusieurs numéros à appeler afin d'avancer dans mes recherches. Premier appel vers le consulat US. J'obtiendrais alors d'autres coordonnées qui malheureusement, ne donneront rien. Mais mon second appel porte ses fruits. J'ai rendez-vous dans une compagnie de transport maritime (shipping) dont je ne citerais pas le nom. Non pas pour m'abstenir de toute publicité, mais plutôt parce que cette personne m'ayant rendu un grand service, et que je ne veux pas qu'elle se retrouve ennuyée par cela.

Me voici donc dans les locaux de la société. La crainte qui semble dominer au sujet de la piraterie est une évolution de type Golfe d'Aden dans la région. Mais il semblerait toutefois que celle-ci ne soit pas encore à l'ordre du jour. Mon interlocuteur me propose de visiter le port de conteneur dans l'après midi. J'accepte avec joie et me voici dans l'un des tous derniers SUV Toyota en direction de Belawan. cette fois-ci, pas de route en mauvaise état mais une belle autoroute bien lisse et où le trafic est étonnamment calme.

Une fois à Belawan, nous retrouvons Salman, employé pour le dédouanement des conteneurs par la compagnie. Il nous parlera de Pulau Berhala comme étant un repère de pirates, mais dans une région du monde où la rumeur et le gossip sont institutionnalisé, il semble difficile de s'y fier.

Nous arrivons ensuite au port de conteneur où je pourrais obtenir les informations qui me font défaut. Cassons un mythe, Belawan n'est pas un grand port. Il s'agit d'un feeder port comme je l'apprendrais le lendemain en rendant visite à la représentante d'une autre compagnie de shipping. c'est à dire que les massifs porte-conteneurs ne font pas escale ici. Ils vont à Singapour et à Port Klang, où les rejoignent les conteneurs de marchandises chargés à Belawan.

La visite se terminera deux heures plus tard, puis, nous reprendrons la route pour rejoindre Medan. Les embouteillages accompagneront notre périple en ville. Je me prépare alors pour une autre journée d'interview et de découverte. Mais avant cela, j'ai rendez-vous avec un français travaillant à Medan. Arrivant avec de l'avance, j'ai tout le loisir de constater que Medan est une ville friquée. Plus précisément, les éthnies chinoises disposent d'énormément de fonds, et cet argent est dépensé, come le montre les tenues mode et fashion de ces jeunes indonésiennes chinoises, où les immenses SUV qui viennent les déposer devant le Cambridge Mall. La visite que jeffectuerais le lendemain aura lieu dans un milieu totalement différent.

Medan: Les pêcheurs et les Mafieux


Jul nous propose de rendre visite à certaines de ses connaissances. Tout d'abord, les pêcheurs et leur patron. Nous quittons son domicile et nous dirigeons vers l'une des jetée de la ville. Les embarcations de pêche déversent alors à même le sol des crevettes et autres calamars. Quelques poissons font eux aussi parti de la pêche du jour, au grand plaisir des chats gras et galeux qui rodent sur le petit port de pêche. La rencontre avec le patron des pêcheurs est dans un premier temps assez glaciale. c'est un homme pressé qui ne lâche pas des yeux sa calculatrice. il attends encore quelques bateaux et de nouveau clients. Il acceptera, avec plusieurs pêcheurs, de répondre à mes questions.

Le principal problème des pêcheurs semble être les limitations territoriales. En effet, le détroit de Malacca est partagé à cet endroit par la Malaisie et l'Indonésie. Mais d'autres nations viennent pêcher ici, notamment des Chinois, des Taiwanais, des Thaïlandais et des Japonais. Ils n'hésitent pas à s'immiscer dans les eaux territoriales indonésiennes avec de gros chalutiers, poussant les pêcheurs locaux plus loin: dans le détroit, sur le rail de navigation, et dans les eaux malaisiennes. Malheur à celui qui se fera prendre: la Malaisie confisque les embarcations de pêche et envoie directement en prison les travailleurs de la mer qui auraient eu l'audace de s'égarer. La situation des pêcheurs en Indonésie n'est pas vraiment enviable, je développerais dans un autre billet concernant Medan. Et ils ne sont pas aidé par un gouvernement qui ne comprends toujours pas l'intérêt maritime du pays. Alors, parfois, on trafic. pas grand chose, mais on trafic tout de même, et souvent avec les militaires et la police...

Une rencontre une fois de plus surprenante, qui va en emmener une autre non moins palpitante. Nous quittons les pêcheurs pour rejoindre le siège du Pemuda Pancasila, ou PP. Au départ, il s'agit d'une organisation de jeunes fondée par Soekarno afin de faire respecter le Pancasila (voir ici http://fr.wikipedia.org/wiki/Pancasila). Devenu puissante, cette organisation, notamment à Belawan, est en quelque sorte une mafia. Nous rencontrerons certains membres qui nous parlerons de leur conception de la sécurité du port. J'apprendrais par la suite qu'il s'agit d'une véritable Mafia organisée, qui rackette et combat d'autres organisations similaires afin d'obtenir le monopole du business des parkings (dont j'avais parlé sur un message concernant la police et les militaires en Indonésie).

Les membres du PP sont donc au courant - et participent - a beaucoup d'activité sur le port de Belawan. Ils nous proposeront une visite du port que nous refuserons avec beaucoup de politesse, afin d'éviter d'éventuels désagréments. Voici un extrait de l'interview menée...

"Ah non, pas de drogue ou d'armes ici. Bon, d'accord, il y a les blackberry, les laptop, mais regarde moi, je suis une petite personne, donc si je fais un petit trafic ce n'est pas grave, car ce n'est que des petites choses!" "les cigarettes aussi, on les envoie à Port Klang [Malaisie], mais ce n'est que des petits trafics. Tu crois que c'est illégal? Moi je te dis, la drogue les armes, tout ça c'est mal. Bon, de temps en temps, il y a des trafics comme ça ici. Mais tu dois savoir que tout le monde fait ça. Et je te le dis, on ne prend que des petites choses".



Cette première journée se terminera par un repas dans la famille de Josef, une rencontre informelle avec un militaire, et un retour sur Medan. Un premier jour complet et fatiguant, mais il reste encore tant de chose à découvrir...

Photo: les membres du PP posent fièrement

Medan: Chez Jul, l'ancien marin


Départ de Medan, direction Belawan. Une première après midi qui s'annonce chargée. mais il faut d'abord franchir les 25 kilomètres qui sépare Medan de son accès au détroit de Malacca, et au monde. 25 kilomètres, y compris en scooter, cela ne semble rien. Encore faut-il voir à quoi ressemble cette route. l'une de spire que j'ai pu voir depuis mon arrivée. Et question circulation, elle en impose! camions - qu'ils soient citernes, porte conteneur ou transport de sable -, mini bus, bus, voiture et cyclomoteur. Un joyeux bordel tout au long de la route.
Josef décide de faire une pause dans un temple chinois. Interlude intéressant:la ville liée à ce temple est devenue une sorte de citée fantôme, ses habitants l'ayant déserté pour trouver du travail ailleurs. mais ils reviennent chaque mois de juillet afin de prier au temple.

Nous repartons sur Belawan. Notre premier contact est l'oncle de Josef, nommé Jul. Un ancien marin à bord d'un cargo. Afin de vous donner la meilleure impression possible de ce que fut mon séjour à Belawan, j'ai décidé de citer des extraits des interviews. Pour situer le contexte, la famille de Josef réside dans un petit village, un Kampung comme on dit ici, à l'extérieur de Belawan. Paysage de mangrove et de marigaux. Minarets et clochers se côtoient à quelques dizaines de mètres les uns des autres. Car ici, la mixité religieuse est de mise. Mais revenons à ce premier contact, l'interview de Jul

Jul est né à Medan. Il connaît tout le monde ou quasiment. Il nous accueille dans sa maison, un kampung perdu dans la mangrove. Nous discutons autour d’un verre de Milo, ce chocolat chaud instantané si prisé des indonésiens. Au mur, un tapis décoratif rococo représentant des frégates en plein combat. « Bajak Laut! » (pirates!) déclare Jul, tout en rigolant. Un peu plus loin, les photos de famille. Jul à Shanghai, lors d’une escale, son père, vétérans chez les Marinirs. Et une autre membre de la famille, capitaine à bord d’un porte-conteneur. Une vraie famille de marin.
Jul a été embarqué sur un cargo et a navigué sur toutes les mer de l’Asie et de l’Océanie : Colombo, Laem Prabang, Shanghai, Seoul, Sydney, son navire – un vraquier -a transporté du sable indonésien dans tous ces pays.
A propos des fameux pirates, il n'hésitera pas un instant. Il est prêt à mourir, mais il sait se défendre. Quand on lui demande qui sont les pirates, sa réaction est relativement intéressante " on dit qu'il s'agit de pêcheurs. Mais moi, je n'ai jamais vu un pêcheur avec un pistolet ou un fusil. par contre, la police elle, elle en a des pistolets et des fusils"


Une rencontre passionnante qui, comme vous le verrez dans les prochains messages, en entraîne beaucoup d'autres

Medan, L'arrivée


Départ matinal de Jogja. Le décollage de mon avion est initialement prévu à 7h du matin. Après une correspondance à Jakarta, je dois rejoindre Medan en fin de matinée. Mais c'était sans compter sur la compagnie Lion Air. Bon, j'exagère quelque peu car je suis arrivé à bon port sans trop de retard. Mais quel bazar! Commençons par le commencement: Lion Air reste une compagnie "blacklistée" par l'Union Européenne. mais faute de grives, et face au tarifs exorbitants des autres compagnies, j'ai opté pour celle-ci (bien que l'aller retour à Medan dépasse les 180€, ce qui reste cher pour le pays).

bref, j'arrive à l'aéroport de Jogja, et que dire: un véritable bordel devant les comptoirs d'enregistrement de Lion Air. Le concept de "respect de la file d'attente" n'est pas vraiment en vogue en Indonésie. Tout le monde bataille, et je finis par me lancer, après 20 minutes d'attente, à l'assaut du comptoir Business Class. j'enregistre 10 minutes avant le départ prévu de mon vol...Qui partira finalement avec un retard de 20 minutes. Le vol est sans encombres, mais l'arrivée à Jakarta sera retardé. J'avais 1 heure de transit. Je n'aurais plus que 20 minutes. J'arrive de justesse à embarquer dans mon vol pour Medan. Deux heures et vingt minutes de vol, une vue superbe sur le lac Toba, et bien entendu, un nouveau franchissement de l'équateur.

Si l'aéroport de Jogja est considéré comme dangereux, celui de Medan l'est tout autant car situé... en pleine ville. Le posé du 737 est assez brusque, et me voici une dizaine de minutes plus tard sur le tarmac. Premier constat, il fait vraiment chaud, beaucoup plus chaud que sur Java. Josef, mon assistant-traducteur, m'attends à la sortie. Josef est professeur en lycée. Il donne des cours de sociologie. Il a une licence de cette dernière obtenue à l'UGM de Jogja et fait donc parti du réseau des anciens élèves. c'est un Batak, l'éthnie majoritaire de Medan et du Nord de Sumatra. Il me dépose à l'hôtel qu'il a -très bien - choisi et me rejoins une heure plus tard afin de déjeuner.

Après un repas composé de porc grillé (Josef est chrétien), de riz et de soupe, nous voici en route pour Belawan. Et josef me réserve beaucoup de bonnes surprises à ce sujet...

PS: en photo, une jolie vue d'avion de Java

vendredi 21 mai 2010

Don Corleone version équatoriale

Mauvaise nouvelle pour mon collègue doctorant espagnol. Son logement a été cambriolé hier soir alors qu'il participait à un match de futsal. A son arrivée, plus d'ordinateurs, de carte de crédit, de montre, de sandales (oui, de sandales...) ni d'appareil photo. Il est donc arrivé ce matin relativement dépité, et on peut le comprendre. Jusqu'à ce que l'un des chercheurs lui recommande de contacter un membre de l'équipe. Ce dernier aurait des connaissances avec le milieu. Quelques minutes plus tard, Joann reçoit un coup de téléphone. Il s'agit du "parrain" de son quartier. il connait le membre de notre équipe car ils sont tous les deux originaires de Madura. Rendez-vous est pris, et je n'en sais pas beaucoup plus pour le moment. Toutefois, l'un des chercheurs m'a expliqué comment allait se passer la rencontre. Le parrain va tenter de retrouver les biens volés. Et va offrir sa protection à Joann: peu de chance de voir un tel évènement se reproduire.

Ce type de réseau existe partout dans le monde. Ce qui est particulièrement intéressant dans le cas indonésien, c'est de voir qu'il vaut vraiment mieux passer par ces mafias locales que par la police. En effet, cette dernière, de l'avis même des indonésiens, est tout bonnement incapable d'assurer la mission qui lui est confiée. Toutefois, la criminalité reste basse, les délits sont assez rares (à l'exception du non respect du code de la route - si celui-ci existe en Indonésie...).
On peut donc assez facilement acheter la protection d'un mafieux du quartier. Certains chercheurs l'ont deja fait et sont aujourd'hui tranquille.

Mais ce qu'il faut retenir, c'est avant tout que si l'on n'éprouve pas pour autant de sentiment d'insécurité, il convient, comme toujours d'être vigilant.
Très sincèrement, la situation est moins dangereuse que celle que l'on peut connaître en Europe, mais la vigilance doit rester le maître mot. A l'instar des terrains de recherche, il faut savoir s'entourer des bons interlocuteurs, signaler aux autorités compétentes ses déplacements, et parfois, ne pas chercher à trop en savoir. C'est fort de ce rappel méthodologique que je me dirige dimanche sur Belawan et Medan. Une enquête dans le milieu portuaire, rien de tel pour commencer mon terrain. J'essayerais de me connecter afin de donner quelques nouvelles, mais si ce n'est pas le cas, je serais de retour sur internet jeudi soir.

dimanche 16 mai 2010

Visite de politesse et mariage javanais (Bis repetita)



Samedi, je suis de visite ! Une chercheuse à donné naissance à une petite fille, et comme le veut la tradition indonésienne, il est de coutume de lui rendre visite. Je m’arrange avec les assistantes de recherche pour effectuer cette visite avec elles. Me voici parti dans le Nord de la ville afin de présenter mes félicitations à Mbak (Mademoiselle/Madame, prononcer MmmBââ) Aziza et à sa petite Aisha. Et comme dans toute réunion indonésienne, il est nécessaire de boire du thé ultra sucré et de manger fruits et autres gâteaux locaux. La visite se passe bien, et comme souvent, je suis présenté aux enfants comme « Oom Alban », ou oncle Alban. La plupart ne voit que peu d’occidentaux, ce qui laisse de temps à autres place à des scènes cocasses. Une fois la timidité vaincue, les petits garnements n’hésitent plus à s’approcher et à essayer de parler en Indonésien ou avec pour certains, quelques mots d’anglais.

Suite à cette visite, nous irons chez l’une des assistantes afin de boire un verre de jus de fruits. Mais je pense déjà au lendemain et au mariage javanais auquel je suis – indirectement – convié. Une amie doit s’y rendre, et le marié à longtemps étudié le français. As usual, je suis le seul occidental présent, mais je profite bien de l’ambiance que j’apprécie (malgré la chaleur étouffante de ce dimanche). On passe alors encore tout son temps à manger, à discuter. J’en profite pour faire connaissance avec des étudiants indonésiens ayant appris le français, l’une d’entre elle ayant vécu à Paris durant 3 ans. Je dois avouer que j’ai quelque peu honte de mon niveau d’indonésien quand je les entends manier à la perfection le français. Cependant, voici une motivation supplémentaire pour travailler un peu plus cet aspect de mes recherches.

Ma journée se termine, après un très bon diner dans un warung local (Bœuf sucré et frit, poulet frit, épinard amer et riz) par un énorme orage. Il pleut des cordes et l’électricité est coupée depuis plus d’une demi heure. En espérant qu’elle revienne avant demain afin que je puisse poster ces messages sur le blog.
A venir cette semaine, le récit de mes préparatifs pour rallier Medan, dimanche prochain si tout ce passe bien.

Pantai Kukup


Je décide de m’échapper de Baron et de sa cohue. Après tout, il n’y a pas grand-chose à voir. J’ai souvent entendu parler de Kukup, une plage située à 1 kilomètre à l’Est de Baron. Me voici à nouveau sur la route pour une courte escapade. Première surprise, il y a moins de monde, ce qui n’est pas désagréable. Seconde surprise, il faut marcher un peu plus pour se retrouver sur la plage. Et celle-ci n’est visible qu’au dernier moment, réservant alors toutes ses surprises. Du sable "blanc", un récif et au-delà, des vagues qui pour certaines dépassent les 3 mètres de haut, venant s’écraser sur les barres de rocher. A gauche, un « petit Bali », avec un immense rocher au sommet duquel l’on peut avoir une superbe vue sur une bonne partie de la côte.

Je profite du calme relatif pour observer les Indonésiens profiter des joies balnéaires. On va se baigner tout habiller ici. Enfin, c’est plutôt patauger que se baigner. Et je repense à mes recherches, à certains articles en attente de publication, et notamment sur la question de la vision maritime de l’Indonésie. Comment le plus grand État archipélagique du monde peut-il se contenter d’une vision centrée sur ses terres ? A voir l’appréhension avec laquelle les javanais appréhendent la baignade, je repense aux écrits d’Eric F., chercheur français spécialiste de la piraterie. Il s’interroge – à juste titre – sur cette relation que les javanais – hommes et femmes de pouvoir de l’Indonésie – ont avec la mer. Les légendes de la Déesse des Mers du Sud conjuguées à cette absence d’ambition maritime ont-elles alors un impact sur cette absence de vision maritime ? C’est fort probable.

Je laisse de côté ces réflexions afin de profiter au maximum de ma journée de vacances. Pas de baignade pour moi (je n’ai pas de t-shirt de rechange et je ne veux pas choquer les locaux en me baladant torse-nu) mais une bonne heure à regarder les vagues. Cet endroit est si reposant, la route est certes longue pour y accéder, mais quel bonheur ! C’est sur, j’y reviendrais, afin cette fois-ci de profiter de la mer. Il est temps de partir. Je m’attarde toutefois un instant sur les « aquariums » de fortune qui font aussi la réputation de Kukup. A même le sable, des « bas » délimités par une bâche plastique et des rondins de bois. Un peu de sable, une pompe et se côtoient des poissons de récifs multicolores, pêchés à même le rivage et attendant d’être vendu aux Yogyakartanais de passage.

Je reprends la route en décidant cette fois-ci de passer par ce que l’on pourrait considérer comme une nationale. Cette route, engorgée de camion, serpente dans le relief escarpé. Rien de bien difficile, mais voilà qu’un orage me surprends. Elle ne va donc jamais se terminer cette saison des pluies ? Me voilà dans une belle montée avec un véritable torrent qui dévale, malgré tout, les 125cm 3 de mon scooter me permettent de gravir cette côte. A son sommet, un panorama sur toute la plaine de Jogja. Malheureusement, le ciel est quelque peu couvert et il est impossible de distinguer le Merapi. Mais ce n’est pas grave, j’ai eu une belle journée. A peine arrivé, la pluie recommence à tomber et ne cessera qu’à 21h… Mais il est temps de se remettre au travail pour les deux derniers jours de la semaine !

vendredi 14 mai 2010

A la plage – part I




Quelle fin de saison des pluies ! Cela ne s’arrête pas, alors que nous devrions déjà être dans la saison venteuse, la meilleure de toutes selon mes camarades locaux. Eh bien non, tous les jours ce sont des trombes d’eau qui se déversent sur Java. Mais voila, ce jeudi, c’était jour férié (le fameux Jesus (Issa chez les Musulmans )naik). Et je n’avais qu’une envie, quitter Jogja, afin de prendre un peu l’air. N’ayant pas la volonté cette fois-ci d’aller jusqu’à Bali (mon camarade Espagnol y est encore pour quelques jours), j’ai toutefois une folle envie de me retrouver au milieu des embruns. Je connais déjà Parangtritis, mais j’entends parler depuis mon arrivée de deux plages situées à plus de 60 kilomètres de Jogja, pantai (plage) Baron et pantai Kukup. La promesse : des plages magnifiques où l’on ne peut malheureusement que patauger. La réalité sera un peu plus mitigée, comme vus le verrez. Un coup d’œil sur ma carte, quelques conseils glanés ici et là, et me voici jeudi à 8h30 sur ma moto, direction Baron. Toutefois, je n’ai pas spécialement envie d’emprunter la voie « rapide » et je me lance à l’aventure sur de petites routes.

Premier constat, la signalisation est plus que sommaire. Me voici sur une route parallèle et de moindre importance. Fort heureusement, j’ai ma fidèle carte avec moi, et je finis par me repérer. Deuxième constat, ça grimpe. Car il faut en effet franchir un petit massif afin d’arriver sur le bord de mer. Et là, après avoir traverser des rizières, je me retrouve sur de petites routes magnifiques, au milieu de la foret, avec des dénivelés importants tout le long. J’en profite pour m’arrêter de temps à autres et tenter un brin de conversation avec les habitants du coin. Mais la route reste longue. Après avoir passé le petit village de Dlingo, totalement reculé et isolé, je me lance à l’assaut de ce que je pense être la partie la plus facile de mon voyage.
Grave erreur, c’était sans compter sur une route en réfection sur plusieurs kilomètres. Ici, on ne s’embête pas : on détruit tout et on reconstruit tout en même temps. Pendant 3 bons kilomètres, me voici au pas, sur de la caillasse. Mais la récompense arrive, je sens déjà les embruns. Et me voici à Baron.

Comment décrire Baron? Du sable jaunâtre, des barques de pêches en pagaille sur le rivage, une rivière souterraine qui débouche sur une petite baie. Une odeur de poisson plus ou moins frais, des secouristes qui n’ont pas grand-chose à voir avec ce que l’on peut voir chez nous – il faut reconnaître que la baignade étant interdite à l’exception de l’embouchure de la rivière souterraine, leur travail est limité – et bien sur, des cerfs volants. Je trempe rapidement mes pieds dans l’eau, mais très vite, le nombre conséquent de personnes sur cette plage me pousse à me réfugier dans un warung, c’est restaurants en plein air, afin de commander un thé glacé. Il est alors temps d’aller voir Kukup, qui est sans doute le joyaux de cette côte bordée par la Mer du Sud.

Mais avant de vous décrire Kukup, une précision sur la dangerosité de la Mer du Sud. Pourquoi autant de vagues et de si forts courants ? C’est en fait très simple. L’Indonésie est située dans la ceinture de feu du Pacifique, elle en est même l’un des principaux points. Les volcans sont nombreux sur terre, ce qui laisse présager de la nature des fonds marins. En effet, de Sumatra jusqu’en Nouvelle Guinée, c’est le point de rencontre des plaques tectoniques qui borde l’archipel. Ainsi, qui dit plaques tectoniques dit souvent fosses océaniques. C’est le cas à Java, où à quelques kilomètres des côtes, les profondeurs deviennent abyssales. Ainsi, les courants sont importants. On me rapportait encore ce matin que les noyades sont nombreuses et les corps ne sont que fort peu souvent retrouvés.
Une illustration valant mieux qu’un long discours (le fameux pouvoir de l’image, si cher à une personne de la Marine que j’ai connu à Toulon), voila qui permet de comprendre pourquoi cette mer est si dangereuse.
Prochain message, la découverte de Kukup...
[img]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/thumb/b/b1/NASAJuly2006JavaEarthquake.JPG/300px-NASAJuly2006JavaEarthquake.JPG[/img]

Comment j’ai escroqué la police



Samedi dernier, je prends le périphérique pour rentrer chez moi. Sur Jalan Gejayan, l’avenue sur laquelle donne ma maison, j’aperçois un policier faisant signe à l’ensemble des cyclomoteurs de s’arrêter. Me voici dans une ruelle avec des dizaines de scooters et motos et une bonne douzaine de policiers en uniforme. Ils sont là pour vérifier les papiers et permis des usagers. Pour les papiers, aucun soucis, je les ai. Le cas du permis est un peu plus complexe.
Je l’ai déjà évoqué, la corruption est omniprésente ici. Surtout au niveau de la police. Ainsi, les Indonésiens ont tendance à plaisanter de leur examen permettant d’obtenir le permis de conduire. Ils répètent souvent que cette épreuve est tellement difficile que personne n’arrive à obtenir son permis sans le payer. Il suffit donc de se rendre dans un poste de police, de payer 400 000 IDR (soit 32€ a peu près, au misérable taux de change actuel), et voila, vous avez un permis. Je ne l’ai pas encore fait, mais je compte m’y rendre avant de partir, histoire d’avoir un souvenir original de mon séjour.
Bref, me voici face à l’agent de police, je tends mes papiers et il me demande mon permis. Je m’excuse et lui dis que je l’ai laissé chez moi. Il s’apprête à me laisser passer quand son collègue, essayant de s’exprimer dans un anglais approximatif, me signale que je dois payer une amende. Très sincèrement, je m’apprétais à payer, avec le peu de liquide que j’avais sur moi, quand je me suis dis que je pouvais tenter quelque chose. J’annonce au policier que j’ai mes permis français avec moi. Je prends donc mon porte feuille et lui tends ma carte de transport en commun à Lyon ainsi que ma carte d’identité militaire. Cette dernière, avec son tampon officiel fait son effet. Mais plus surprenant c’est la carte de transport qui fera la décision. Merci aux TCL d’avoir inscrit « BUS » « M » (pour métro ) et « T » sur cette carte. Car mes deux policiers, pas vraiment très malins il faut dire (mais je rappelle que la police ici n’est pas efficace : on paye pour l’intégrer) se font piéger, en me demandant si je peux aussi conduire un bus. J’affirme que oui, me retenant de rigoler, et les voila me laissant poursuivre ma route sans payer la moindre amende. Ce pays ne cesse de me surprendre…

jeudi 13 mai 2010

Des photos, pour patienter


Quelques nouvelles photos de mon expédition du jour à Baron et Kukup, deux plages situées à 60 kilomètres de Jogja.
A venir, des nouveaux messages sur une semaine bien plus chargée que prévue

Le lien pour les photos:
http://picasaweb.google.fr/alban.sciascia/IndonesiePantaiBaronPantaiKukup#

mercredi 5 mai 2010

Cinta Ayam, Ayam Cinta?


On pourrait traduire par « poulet mon amour, mon amour de poulet ». Car oui, la principale nourriture ici, c’est le poule. Et vous savez déjà ce que je pense de la nourriture indonésienne en générale. Elle n’arrive malheureusement pas à la cheville de celle de ses voisins. Tout du moins pour ce qui est de la Thaïlande – qui est vraiment la numéro 1 – la Malaisie et le Vietnam (je ne connais pas les cuisines cambodgiennes et laotiennes).
Donc, le poulet… On le voit partout, vivant, mort, frit, grillé, en brochettes trempées dans une épaisse sauce de cacahouètes, en soupe, avec des nouilles, dans du riz, enrobé d’une sauce gélatineuse et sucrée, bref, on apprends à aimer le poulet. Et il y existe une façon de le préparer qu est tou
t bonnement exceptionnelle, le poulet frit ou Ayam Goreng. Oublié l’image du colonel du KFC et autres fast food. Là, on ne peut pas encore parler de recette irrésistible et divine, mais d’un très bon plat. Le poulet marine d’abord pendant un bon moment dans un bain d’épice et de lait de coco, En suite, il est recouvert d’une fine chapelure parfumée et très salée, puis plongé dans une huile bouillante. Comme l’ensemble des meilleurs plats indonésiens, ca se mange avec du riz blanc, des épinards e surtout les doigts.(en photo, le fameux Ayam Goreng).

Voila pour le bon côté de la nourriture locale. J’avoue que le reste me dépasse souvent, surtout le tempe. ce truc est dégueulasse, il faut imaginer une sorte de « paté » de germes de soja sous forme de poisson pané. Vous y ajoutez l’odeur du vieux et sans doute un gout de vieux, et vous avez cette horreur. Ma seule solution pour l’avaler, c’est de l’enrober de Sambal, une sauce piquante qui réveillerait un mort !

Dernier point à aborder, le gras et le sucre. Les chances de devenir diabétique ou obèse en Indonésie sont élevées. Tout est cuit dans l’huile, alors qu’il est possible de simplement griller de délicieux poissons, ici on préfère une huile grasse à souhait. Le sucre, c’est le problème numéro 1. Ici, pas de thé sucré, mais du sucre au thé pour reprendre le bon mot de mon ami Eric F. Il faut donc toujours penser à demander une version sans sucre si l’on veut éviter l’impression d’avoir les dents rongées à chaque gorgée.

PS: et tant que j'y pense, le "fromage" Enfin, ce qu'ils nomment fromage et qui n'est qu'une escroquerie qu'ils mettent sur tous les plats sucrés...
PSé/ En photo, le fameux Ayam Goreng. Pas le meilleur que j'ai mangé, mais un très bon, juste à côté de chez moi (et à 80 centimes l'assiette, on se régale!)

Les petits boulots



L’une des choses qui peut marquer l’observateur, c’est le nombre de petits boulots. Gardien de mot sur un parking improvisé en bord de route, vendeur ambulant de nourriture, de lunettes de soleil, Dvd contrefaits, fruits et légumes alignés en stand, etc.
Les activités sont diverses et variées. Et cela s’explique par la situation actuelle de l’Indonésie. Soyons toutefois clair : investir en Indonésie, c’est possible et même souhaitable. Mais l’Indonésie reste un pays en développement, un pays du tiers monde. Il est diffcile d’évaluer le salaire moyen. Pour donner une idée plus précise, disons qu’un personnel administratif dans une université touche entre 1000000 et 1300000 IDR (roupiah) par mois. Soit entre 80 et 105€. Un professeur d’université va lui toucher 3000000 IDR (280€) par mois. Et un fonctionnaire du Ministère de l’Economie peut espérer 12000000 (1000€). L’échelle des salaires est donc relativement variable. Nombre de personnes doivent vivre avec 300 000 IDR par mois, soit 26€ à la louche. Quand il faut nourrir une famille, on imagine les difficultés.
Le cumul des emplois existe, mais est-il réellement quantifiable ? j’en doute. Et à la vue de ces inégalités salariales, on se dit qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire pour ce pays. Au contraire de la Malaisie, l’Indonésie n’a su négocier ce tournant. Alors qu’en Malaisie, tout semble fait pour investir, ce n’est pas le cas de l’Indonésie. Et la politique d’ouverture du pays sur l’étranger pose elle aussi problème.

Tout ça pour dire que le manque d’investissements étrangers poussent les populations à s’adapter en développant ces petits boulots. Et pour manger, on élève des poulets à même la maison. Ce qui pose la question du risque sanitaire, dans l’un des pays les plus touchés par la grippe aviaire. Mais comme me le faisait si justement remarqué un assistant de recherche, ici, pour une partie de population, la principale préoccupation c’est de manger tous les jours, donc la sécurité sanitaire ou alimentaire, on y pense que très peu voire pas du tout. Et l’on écoute ce que dit le gouvernement quitte à protester après. Mais je reviens sur la nourriture juste après !

Flash flood ou le plaisir des inondations surprises



Officiellement, la saison des pluies est finie. Je dis bien officiellement. Car tous les jours, la pluie persiste. Plutôt que la fin d’après midi, comme à l’accoutumée, les orages débutent dès 14 heures pour se poursuivre parfois jusqu’à la prière de fin de journée (18h). J’ai eu l’occasion aujourd’hui de constater les dégâts de ces averses. Ayant attendu sagement la fin du gros du grain, je m’élance vers la maison. Première surprise, il ne subsiste que des grosses flaques sans grande importance. C’était sans compter sur la topographie torturée de Yogyakarta. Je me décide à prendre un raccourci et me retrouve, en passant une côte, dans un torrent. J’ai beau chercher la route, je ne la vois pas. En effet, la route est devenu le lit d’une rivière. Observant les locaux, je me rend compte que la solution est de maintenir le guidon droit, de relever les jambes et d’accélérer. Et ça marche !
Pourtant, l’aventure ne fait que débuter. Arrivé sur Jalan Colombo et son énorme pente, je vois quelques motos en difficulté. Et c’est là que j’apprécie la boite manuelle de mon scooter. Pas besoin de trop réfléchir, il suffit de faire appel à la puissance du moteur, et cela passe. Enfin, cela passe jusqu’à un certain point. Le haut de la rue est devenu lui aussi une rivière. Ca et là, des passants s’improvisent agents de la circulation. Il faut faire reculer ce bus, puis laisser passer les deux camions. Ensuite, ce sera le tour des motos. L’attente au milieu de l’eau durera bien 5 bonnes minutes. Je me décide à prendre des photos, et bien sur, c’est à nous de passer. Me voici dans dédale de petites rues qui me font déboucher sur des endroits dont je ne soupçonnais pas l’existence. Balade sympathique, mais humide. A ma grande surprise, je finis par arriver chez moi.

Le programme des jours à venir va resté chargé. Une seule exception, un jour férié qui tombe à point jeudi prochain, pour l’ascension. D’ailleurs, avec mon comparse chercheur espagnol, nous avons eu l’occasion de beaucoup rigoler. Car comment traduire l’ascension en Indonésien ? Et bien, rien de plus simple si l’on se fit aux discussions de nos collègues indonésiens : Jesus naik, ce qui signifie, Jésus monte. Pas besoin de se prendre la tête au moins.