jeudi 15 avril 2010

scène surréaliste


J'ai pu assister hier, en sortant de la fac,à une scène totalement incroyable. Alors que j'attendais tranquillement à un feu de circulation en panne (comme tous les deux jours) j'observais face à moi les policiers en charge de la circulation. Rien de bien exceptionnel jusque là. J'aperçois alors l'un des deux agents faire signe à une moto de s'arrêter. Le conducteur roule sans casque, sa passagère au contraire en porte un. Je m'attends à l'habituelle demande de rançon, comme j'aime à qualifier la corruption quotidienne qui règne dans le pays. Mais rien de tout celà! Je vois alors la passagère léguer son casque au conducteur puis traverser la rue. Une fois que la moto l'a rejoint, l'échange de casque se fait, et le couple s'élance sur le bitume, les policiers tournant volontairement le dos.

Très sincèrement, je m'attendais à une amende à payer, mais rien de tout cela! Juste une habile négociation qui permet à tous les protagonistes de s'en tirer sans grand dommage. Il fat dire que la police ici - à l'instar de l'armée - est l'un des principaux organes corrompu. On peut le regretter et critiquer, à juste titre. Mais en s'attachant aux aspects culturels, cette corruption parait plus "normale". Quelques explications toutefois.

Le statut de policier ou de militaire est extrêmement valorisant dans le pays. Culturellement, ceci s'explique notamment par le piédestal sur lequel furent installées ses deux forces vives de la nation sous les régimes de Soekharno et Suharto (notons toutefois que la police n'est indépendante de l'armée que depuis quelques années). Ainsi, pour intégrer l'une de ses deux professions, il faut payer. Alors les jeunes s'endettent pour atteindre un statut d'élite. Après avoir payé une certaine somme, pouvant être extrêmement variable, il est alors temps de rembourser ses créanciers. Et pour cela, le pouvoir et l'aura de ces deux institutions vont beaucoup aider. Ainsi, la corruption permet aux policiers et militaires de disposer de revenus complémentaires. L'autre solution est de se lancer dans le business. Ainsi, les multiples parking sur le bord de la route, pour lesquels on laisse 1000 roupih, sont majoritairement détenus par les policiers et militaires. Il en est de même pour les sociétés assurant la sécurité dans les centres commerciaux, à l'entrée des établissements nocturnes.

Ainsi, il existe une véritable économie parallèle, qui emploie un grand nombre de personnes sans ressources tout en financement et renforçant un pouvoir de ces hommes. Et le système, s'il est bancal, continu de fonctionner. Comme quoi, ce pays ne cesse de me surprendre...

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