mardi 9 mars 2010

Sur la route de Bangkok

Le réveil, à l’heure de la prière, fut difficile ce matin. Dès 4h30, me voici à finir mon dernier sac avant de prendre le chemin de l’aéroport. Fort heureusement, une collègue d’UGM me prévient par sms qu’elle m’a réservé un taxi, un soucis de moins.
Le temps de trajet vers le folklorique aéroport international de Jogja est relativement court. En moins de 10 minutes, je suis déjà arrivé et j’enregistre mes bagages très rapidement. Le temps de prendre un petit déjeuner rapide, de payer la taxe de départ – oui, encore une taxe – et me voila à attendre l’appel de mon vol dans la minuscule kamar tanggu (salle d’attente) dédiée aux vols internationaux. Le vol sera sans encombre, le temps est clair et je peux profiter d’un accès hublot afin de voir Java du ciel. Rizières, marécages et volcans : actifs comme le Merapi, crachant son panache de fumée, ou bien plus docile. Le survol de la mer de Java et de Kalimantan/Bornéo se fera sans encombres, et nous voici déjà à proximité du détroit de Malacca (enfin de Singapour, pour être plus précis). Comme toujours, c’est la cohue. Rappelons que 30% de vos biens importés passent par cette route. Vos ordinateurs, qui vous permettent de lire ce blog, une grande partie de vos appareils ménages, vos téléviseurs, tous passent par cet endroit. Plus impréssionant encore, 60% des flux de pétrole transitent par cette voie de communication maritime. On comprend alors mieux l’intérêt de nombreux Etats dans la sécurisation de cette route maritime.

Je scrute le paysage, comme toujours émerveillé par le nombre de navires, mais bizarrement je ne vois que peu de patrouilles militaires. Pourtant, les autorités singapouriennes, malaisiennes et indonésiennes ont été clair. Il y a une menace d’acte terroriste dans le détroit. Sans vouloir préjuger du bien fondé de cette menace, elle me rappelle un peu trop la crise de paranoïa permanente de l’Etat singapourien. Une paranoïa prégnante, totale, et que l’on vit au quotidien.

Ce fut mon cas ce matin en arrivant à Singapour. Devant patienter durant 4 heures en transit, je décide de sortir de l’aéroport. Je rempli donc consciencieusement les formulaires d’entrées dans le pays, en laissant vie la case adresse à Singapour, mais en précisant « transit ». Malheureusement, j’ai du faire face à un fonctionnaire de l’immigration zélé, qui ne voulait rien entendre. Je lui fais remarqué que « dans un tax » ou « dans l’aéroport » auriat été une précision sans doute mal venue. Ne goutant pas à mon humour, j’ai le droit au questionnaire habituel.
« Quelle est la raison de votre séjour ? »
« transit, mais je repasse dans deux jours »
« et lors de votre séjour précédent ? »
« recherche et entretiens »
« dans quel cadre ? »
« sciences humaines »
« quelle université ? »
Et là, je sors ma botte magique : la RSIS. Cette école de relations internationales peut etre considérée comme un think tank du gouvernement en matière de sécurité. Un véritable sésame contre la paranoia ambiante.
J’arrive à m’en sortir, sans aucun sourire bien entendu. Rebelotte une fois mes bagages repéré, j’ai le droit à l’ouverture totale. Deuxième carte chance, ma veste et ma chemise d’uniforme, que je ramène en France. Cette fois-ci, on en est presque à s’excuser. Et cela continuera lors des différents passages de l’immigration et de la sécurité lorsque je me suis dirigé vers mon vol à destination de Bangkok.
Ce qui me choque, si je compare à l’Indonésie, où même à ma première visite, c’est cette sorte d’absence de joie de vivre que l’on voit de l’autre côté du détroit. Je suis peut-être tombé sur un mauvais jour, mais j’aurais bien vite confirmation. Dès mardi, à mon retour de Bangkok.

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