mercredi 16 mars 2011

Football et jet lag

Il y a bien longtemps que je n'avais compléter ce blog. Il faut dire que la charge de travail actuel ainsi que de multiples activités annexes ne m'en laisse pas le temps. Je profite toutefois de cette nuit pour m'y remettre. Car ce soir, c'est Ligue des Champions. Il est loin le temps ou je me rendais a Gerland pour suivre l'OL a un horaire correct. Car oui, le décalage horaire oblige quelque peu a jongler avec mes capacités physique pour suivre le match.

Six heures de décalage horaire. le match commence donc a 2h45 heure locale. Et déjà un dilemme. Dormir avant ou tenter la nuit blanche? C'est toujours pour la seconde solution que j'opte. On s'arme alors de patience, en essayant de rattraper le retard sur les articles en cours, puis vient l'avant match. Un avant match loin de Lyon, ca se résume pour moi a acheter des bières Bintang ou Bali Hai ( pas franchement le genre de bière que l'on apprécie, mais on fait avec les moyens du bord). puis, je cherche sur quelle chaîne le match sera diffusé. Les Indonésiens - a l'instar de l'ensemble des populations d'Asie du Sud-est - sont absolument fans de 3 choses dans le football:
- La Premier League
- Le FC Barcelone
- l'AC Milan

Bref, tout ce a quoi le football indonésien ne ressemblera jamais. Fort heureusement, le fait de rencontrer Madrid offre a l'OL la chance d’être diffusé sur RCTI, la télévision nationale. Chance pour l'OL, mais pas pour moi. Tout commence par les analyses d'avant match des experts indonésiens. Bien sur, l’émission est sponsorisée par une marque de cigarettes ( comme tout en Indonésie, des équipes sportives des lycées aux concerts des grandes stars internationales: c'est la clope qui paie).

Puis, passé le temps des approximations des experts - pour qui le match de ce soir se résume a Cristiano Ronaldo, star de Madrid - vient le match, avec commentaires en anglais. Mais vient le plus dur. Résister face au sommeil, se rendre compte que le match n'est toujours pas fini lors de l'appel a la prière matinale. Se coucher vers 5 heures du matin et se rendre compte que dans quelques minutes, la matinée indonésienne va commencer. Avec tout d'abord le passage des vendeurs ambulants: chacun diffuse une musique spécifique: les brioches industrielles chargées de sucre de Sari Roti, puis le laitier, suivi de près du vendeur de Bubur, sorte de porridge de riz. Enfin, au loin, des notes qui rappelle la Lambada, c'est un autre vendeur de "roti", sortes de viennoiseries industrielles. Et tant d'autres... entre 5h30 et 9h00 du matin. Entre temps, avant 7h00,c'est tout le petit monde de mon voisinage qui part sur le chemin du travail.

Et moi, j'essaye de récupérer et de me motiver. La passion n'a pas de prix, mais de temps en temps, il serait bon qu'elle se vive sans décalage horaire ...

dimanche 30 janvier 2011

Le prix du piment



Si l'Indonésie ne passe une semaine sans voir une polémique d'ampleur défrayer la chronique, celle du prix du piment perdure. Depuis le mois de décembre, le prix du kilo de piment sur les marchés a été multiplié par 5, passant de 20.000IDR à 100.000IDR. Pourquoi se focaliser sur le piment? Car il s'agit d'un aliment de base du repas indonésien. Il accompagne l'ensemble des spécialités du pays, même les plus sucrées. Aux côtés de cette incroyable inflation du piment, l'ensemble des produits subit de plein fouet une hausse des prix. Et a ce jour, certains légumes importés demeurent moins chers.

Bien sur, les regards accusateurs se tournent vers le gouvernement. Et ce dernier fait justement remarquer que les conditions climatiques actuelles sont la principale cause de cette hausse des prix. il faut le reconnaître, l'archipel n'est actuellement pas épargné.
Premières manifestations d'ampleur d'une crise alimentaire en devenir? Difficile à dire à ce jour. Le fait est que le débat est - à défaut des piments - dans toutes les bouches indonésiennes.


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Dans un autre registre, le Président indonésien a encore réussi à s'attirer les foudres de la population. A l'occasion de ses vœux aux forces armées, promettant d'améliorer leurs rentes, SBY a tenté de faire preuve d'humour, rappelant que son salaire présidentiel n'avait pas connu d'augmentation depuis plus de 5 ans. Les réactions n'ont pas tardé, faisant fi du contexte, SBY s'est retrouvé la cible de l'ensemble des observateurs politiques et des médias. Une fois de plus, c'est l'information sans son contexte - mal récurent dans le pays - qui fut diffusée et commentée...


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Et à Jogja? La vie est tranquille. Bien sur, nous subissons le contre-coup de la météo. Il est plus difficile de trouver certains produits, les prix augmentent, mais rien de bien grave. Le Merapi s'est bien calmé, même si bien sur, il entrera encore en éruption dans 3 ou 4 ans. la vie continue, entre les séjours à Jakarta et les cours donnés ici et là, et la mise en place de divers projets


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Anecdote concernant la photo illustrant cet article: il s'agit tout simplement de la meilleure façon de transporter des poulet. Ces fameux poulets présents partout.L'Indonésie, un formidable réservoir pour la grippe aviaire..

mardi 21 décembre 2010

Tremblement de terre



Carte des plaques tectoniques. On voit bien que Java est située sur la limite (source: vulcania.com) CLIQUER SUR LA CARTE POUR UNE VUE D'ENSEMBLE
Après le volcan, voici que la terre tremble.
Je dois reconnaître que c'est le premier tremblement de terre que je ressens réellement. Ce mardi matin, un peu avant 11H00, alors que j'étais chez moi, j'ai commencé à entendre des vibrations, puis, j'ai vu certains de mes meubles bouger. A cet instant, j'étais sur mon sofa et je sentais distinctement les vibrations qui ont duré un peu plus d'une dizaine de seconde.

L'électricité étant coupée, j'ai tout de suite la confirmation de la secousse. Quelques instants plus tard, j'apprends que l'épicentre se situait dans l'Océan Indien, à environ 160KM au sud-est de Jogja et à 16 KM de profondeur. L'intensité relevée indique un 5,8 sur l'échelle de Richter. ce n'est pas le "Big One", mais cela commence déjà à secouer.

Je l'avais déjà expliquer dans un précédent billet, l'Indonésie est située sur la ceinture de feu du Pacifique, qui s'étend jusqu'au détroit de Béring puis, rejoins le Cap Horn par la cordillère des Andes. Se succède un ensemble de volcans et de fréquents tremblements de terre, dû au mouvements des différentes plaques tectoniques.

l'Indonésie est située à la croisée des plaques Indo-Australienne et Eurasienne. D'où un nombre élevé de séismes, d'éruptions volcaniques, voire de Tsunami.


Sinon, la saison des pluies ne fait que commencer. Si le weekend dernier le temps fut plus que clément, l'orage d'hier était très impressionant. Et ce n'est pas prêt de s'arrêter vu que cette année, nous bénéficions de La Niña, qui a pour particularité d'intensifier les précipitations

dimanche 5 décembre 2010

La saison des pluies...




Photo de la rivière Code à Jogja ( source: jakarta post)









La saison des pluies a bien démarré. Ce dimanche, la pluie est tombée sans discontinuer pendant toute l'après-midi. Et cette saison des pluies va durer jusqu'au mois d'avril. Tout en sachant qu'il s'agit de la meilleure hypothèse.

L'an dernier, cette saison des pluies s'est étendue jusqu'au début du mois de juin. Et la saison sèche fut très courte, au grand désespoir des habitants de Jogja. Cette saison, il est déjà question de l'influence de La Niña, mais aussi de l'éruption du Merapi. Ainsi, certains chercheurs ont annoncé que les particules de cendres allaient changer les conditions climatiques sur la région: plus d'humidité, un temps plus frais et donc plus de précipitations.

Pour le temps plus frais, je demande encore à voir. Temps lourd oui, températures "basses", ce n'est pas encore le cas. Au quotidien, il convient de ne pas oublier les chaussures de rechange (afin d'éviter de voir ses chaussures moisirent, comme c'est le cas pour deux de mes paires...) et le fidèle "K-Way" local. Je dois aussi surveiller la porte de ma cuisine, celle-ci donnant sur un petit jardin - enfin aujourd'hui, c'est plus une plaine de cendres et de sable volcanique avec quelques pousses vertes - qui devient rapidement une mare, déversant sur la porte de la cuisine. il n'est pas non plus rare que Jalan Kaliurang, la principale route menant à ma résidence depuis Jogja, soit transformée par endroits en un petit ruisseau.

Bien sur, il convient aussi de faire attention aux rivières. Avec les risques de Lahars, les cours d'eau peuvent devenir dangereux, voire meurtrier (cf. billet précédent). Mais pour cela, les autorités en charge de la prévention son relativement efficace. Vendredi dernier, l'une de ces coulées de boues à fait des dégats sur les habitations à proximité de la rivière Code, dans le centre ville. Si le périmètre de sécurité est passé à 2,5KM pour certaines zones, il reste à 15 au dessus- de chez moi et le risque de lahars reste important. Heureusement, je ne réside pas à proximité immédiate d'une rivière.

A venir, un billet sur le "business" du sable volcanique... une activité actuellement en pleine expansion ;)

vendredi 3 décembre 2010

Independenza!? Ou pas...



un passeport du Sultanat de Yogyakarta. Comme souvent, les réseaux sociaux donnent le ton...
Sous ce titre provocateur, quelques informations sur "le débat" actuel à Yogyakarta, qui mobilise les foules. Non, il ne s'agit pas du volcan, ou d'une énième mesure de lutte contre la corruption...

Il y a une semaine, le président Indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono (SBY) a fait part de son étonnement quant à la position peu démocratique du Gouverneur de Yogyakarta. En effet, celui-ci est aussi Sultan et selon le statut spécial de la région, est nommé et non élu. Réaction d'indignation d'une partie de la population locale. L'autre moitié attends quant à elle un changement radical avec la mise en place d'élections. Le buzz s'est fait sur Internet, avec la publication de "passeport Yogyakartanais", un appel à une utilisation de la monnaie locale sous le sultanat et divers autres témoignages - la plupart ironiques - de la part des internautes.

Au-delà du potentiel comique, cette déclaration de SBY permets d'aborder un véritable casse-tête politique. Pour mieux comprendre, il faut s'intéresser à l'Histoire de la région.

Le Sultanat de Yogakarta est fondé en 1746 et occupe une partie du Royaume de Mataram (Java Centre). Mais voilà, lors d'une dispute, le frère du Roi rejoint l'un des neveux, entré en rébellion. Pour arranger les choses, le colonisateur néerlandais - par essence, le Néerlandais est fourbe. Si vous n'en êtes pas convaincu, je vous invite à découvrir ou redécouvrir l'expression "going Ducth" ici: http://en.wikipedia.org/wiki/Going_Dutch .

bref, le Néerlandais est fourbe et radin, et il décide de profiter de cette lutte pour le pouvoir en scindant le sultanat en deux entités: le sultanat de Yogyakarta bien sur, et le sultanat de Surakarta (aujourd'hui, Solo, considérée par les amateurs comme étant l'équivalent de Yogyakarta au niveau culturel, mais sans les touristes).

Au fil des années, le sultan de Solo se rapproche des Néerlandais. c'est ce qui le perdra lorsque l'Indépendance de l'Indonésie sera proclamée. ostracisé par son rôle de collaborateur, il perd son pouvoir contrairement à celui de Yogyakarta. D'ailleurs, l'adhésion de la région de Yogyakarta à la République Indonésienne se fait selon certaines conditions: entre autre, le gouvernement indonésien doit reconnaître le statut particulier du sultanat, en permettant au sultan de conserver ses privilèges.
Ainsi, le sultan endosse de facto la charge de gouverneur: il n'y a pas d'élection, contrairement aux autres régions d'Indonésie, le sultan est donc nommé gouverneur, pour le meilleur et pour le pire...

En s'interrogeant ouvertement sur ce processus non-démocratique, SBY s'attaque à un véritable serpent de mer. Certes, une partie de la population prône une conservation du statut spécifique de Yogyakarta et des prérogatives du sultan-gouverneur. Mais deux courants s'y opposent. Le premier est ouvertement démocratique. il s'agit majoritairement d'habitants de la région , majoritairement non-originaire de Yogyakarta et qui espèrent la mise en oeuvre d'un réel processus de désignation démocratique.

Le second courant est plus contestable: il s'agit majoritairement d'acteurs politiques de la région qui voient leurs ambitions politiques limitées. La charge de gouverneur peut être perçue comme le summum d'une carrière politique, et les Bupati (à la tête des Kapubaten, qui peut être traduit par département) aimeraient bien accéder à cette fonction suprême.


Alors, bonne ou mauvaise chose? Difficile à dire, mais il semblerait - et c'est une bonne chose - qu'un réferundum soit mis en oeuvre. La bataille risque d'être intéressante à suivre en tout cas!

mardi 30 novembre 2010

Merapi: auprès des sinistrés


Le volcan reste actif mais son intensité décroit. Ainsi, de nombreux "déplacés" - je reprends ici la terminologie officielle - sont retournés dans leurs villages, bien que certains d'entre eux soient encore situés dans le périmètre de sécurité. Il faut être précis, la plupart de ces personnes ont tout perdu: il s'agit majoritairement d'agriculteurs et d'éleveurs dont le bétail et les terres ont subit le lourd préjudice de l'éruption du siècle.

Bien sur, les ONG sont nombreuses et très présentes pour aider la population dans cette phase "d'early recovery". Il y a même une certaine concurrence: ici, tel parti politique, là telle marque de cigarette qui reconstruit un village - les ouvriers sont rémunérés en cigarette à vie, inconcevable dans nos contrées - là bas telle mouvance aux soupçons radicalisant qui propose son aide. Mes voisins ne sont pas en reste. C'est le cas de Brian qui plusieurs fois par semaine se lance dans un périple autour du volcan afin d'apporter des couches, du riz, des serviettes hygiéniques, des vêtements, aux populations locales.

Aujourd'hui, Brian m'a emmené dans la région de Magelang, près du village de Muntilan. Si cette zone a paradoxalement connue un faible nombre de victimes - en comparaison avec la région de Sleman, dans laquelle je réside - les dégâts matériels sont nombreux et les conséquences pour la population d'une ampleur que je n'aurais pu imaginer. Nous sommes donc parti de Sleman, pour rejoindre Muntilan, puis, pour finir par nous approcher à 6 KM du sommet du Merapi. celui-ci reste décelable dans son panache de brume. Partout, les arbres sont couchés, les bambous brisés. partout, cette cendre et ce sable par kilos, qui envahit les maisons et lors des pluies donne naissance à une mélasse grise.

nous passons sur un pont, non loin d'un des check points tenus par l'armée: cette dernière ne peut empêcher les paysans locaux de regagner leurs domiciles, de tenter de sauver ce qui peut l'être: peu de chose. Sur ce pont, vers l'amont, un barrage. ou plutôt, ce qui en reste. celui-ci a été détruit par un lahar, ces monstrueux torrents de boue et de débris qui descendent du sommet à la vitesse de 50 KM/H. Des blocs de la taille d'une moto jonche la rivière. Plus loin, notre SUV ne pourra plus passer: il faut s'en remettre aux Ojek, moto taxi locale. A travers les débris, ils vont nous faire découvrir un paysage dévasté.

Ici, la rivière s'est scindée en 3 différents lits, emportant un pont et paralysant un barrage qui menace lui aussi de céder. Plus loin, un champs de cailloux: tous viennent du volcan, et en s'approchant, je peux récupérer quelques morceaux de pierres ponce et autre lave solidifiée. La rivière - ou plutôt le torrent de boue - s'est engouffré dans cet espace. Fort heureusement, il n'y avait aucune habitation en vue. L'un de mes interlocuteurs me montre une petite pierre ponce, que je prend en main; il insiste, la nuit du 4 novembre, ce sont ces pierres qui tombaient du ciel.

Vers l'Est, l'inquiétante silhouette du Merapi. bien sur, nous restons branché sur la radio des Tim SAR, ces équipes de recherche et de sauvetage. Si une nuée ardente se produit, nous le saurons rapidement. Mais - tant mieux - ce n'est pas dans l'humeur de gunung Merapi. D'ailleurs, la région n'a quasiment pas été touchée par les nuées ardentes. Par contre, oui, ce fut le cas avec les lahars, les cendres et le sable. Sur le dit barrage, un amoncellement de pierre et de débris. Notre guide d'un jour nous le dit "je suis javanais, je crois à ces mystères: regardez, tout reste en équilibre sur le barrage. Il faut respecter l'esprit de ce volcan".

Et c'est bien ce fabuleux mélange de mythes locaux et d'Islam qui inquiètent les plus radicaux. Ainsi, au lendemain du Tsunami de Mentawai et de l'éruption du merapi, le pitre de la communication, Tifatul Sembiring, Ministre membre du parti religieux islamique PKS s'était ému de ces catastrophes naturelles, les qualifiants de punitions divines pour des croyants plein de pêchés. La réaction ne s'est pas fait attendre et le Ministre en a pris pour sa fonction et son grade.

Nous quittons les rives de ce qui était un champ pour devenir une rivière. Une rencontre avec des agricultures locaux permets de mieux comprendre les difficultés qui les attendent: ils cultivent le Salak, un fruit local. Mais les vergers ont été durement touchés, et il faudra plusieurs années avant que les cultures puissent reprendre.

Au-delà du risque de lahars, qui est tout aussi topographique qu'humain, c'est une véritable modification de la société qui va avoir lieu dans la région. les terres seront fertiles mais non cultivables. Les risques seront prégnant jusqu'en 2015 pour les coulées de boues meurtrières. Et les sources d'eau émanant des pentes du volcan ont été vaporisées ou ensevelies par l'éruption. Il n'y aura pas d'exode, mais de profonds changements. Comment aider ces personnes? parfois, un paquet de cigarettes, des couches pour enfants ou simplement 10 minutes en leurs compagnie à discuter de la situation actuelle suffisent. Ce qui me marque le plus, c'est sans doute leur courage et cette dignité. On peut y voir du fatalisme, mais c'est plus un rapport spécifique, constitué de croyances locales, vis à vis du Merapi. "Montagne de feu", tel est le nom du Merapi en javanais. Et c'est avec cette montagne de feu qu'ils ont accepter de vivre.

Des photos ici:
http://picasaweb.google.com/alban.sciascia/MerapiNearMuntilan20101130?authkey=Gv1sRgCMWinvWCoLLSqwE#

vendredi 26 novembre 2010

L'éruption du Merapi


A mon retour en Indonésie, au début du mois d'octobre, je ne m'attendais pas à vivre une telle expérience: l'éruption du Merapi. Bien sur, le volcan le plus actif du monde est connu pour se réveiller tous les 4 ou 5 ans. Mais cette fois-ci, ce fut ce que les scientifiques nomment déjà l'éruption du siècle.

Tout débuta à la fin du mois d'octobre, avec une forte chaleur dans la région, et une inquiétude croissante du centre de vulcanologie. Le 26 octobre, l'éruption débute. Une trentaine de morts sont dénombrés. Mais le Merapi n'en a pas fini. cette éruption du 26 octobre est somme toute classique. Mais l'intensité de l'activité s'accroit. Dès le 30 octobre, c'est une pluie de cendres qui recouvre la région. A cette période, je suis alors à Bangkok, puis à Kuala Lumpur. Suivant les informations à distance, j'en suis à me demandé si je vais pouvoir rejoindre Jogja.

C'est ce que j'arriverais à faire le 3 novembre 2010. Le paysage vu d'avion est sinistre: l'ensemble des bâtiments sont recouverts de cendres. je rejoins toutefois sans difficulté mon domicile, situé à 7 à 8 kilomètres (selon les cartes, mais je reviendrais sur ce sujet dans un prochain message) du périmètre de sécurité d'alors (15KM).

Le 4 novembre au matin, je suis réveillé par une forte chaleur: à l'extérieur, le temps est magnifique et je peux voir le Merapi cracher son panache de cendres. les nuées ardentes sont de plus en plus nombreuses, et l'on entends parfaitement le volcan grogner. Dans l'après midi, la visibilité est nulle, mais l'ont continu à entendre le volcan. Aux alentours de 17H00, on entendra le volcan à 30KM de distance. restant éveillé, je suis surpris par un coup de téléphone après minuit: ca y est, la grosse éruption a commencée.

le périmètre de sécurité passe à 20KM et j'observe un phénomène intriguant et effrayant: une pluie de sable, de cendres et de résidus de pierre ponce. S'y ajoute une boue volcanique qui va recouvrir l'ensemble de la rue. Ce qui surprend le plus, c'est l'odeur des gaz volcaniques. Et ce calme. Bien sur, on entend au loin les sirènes des services de secours, mais le bruit qui domine, c'est celui de cette pluie de sable. un crissement léger. Perturbant, car inconnu, mais qui n'est pas si dépourvu de charme. C'est sans doute dans ces moments que l'on s'attache à ces petits détails.

Il n'est pas question de prendre des photos. Déjà, c'est déjà la panique aux alentours, l'exode. Les voisins chargent leurs véhicules et fuient, vers le Sud. Mais je décide de rester à mon domicile, préférant éviter de prendre des risques sur des routes surchargées de réfugiés et de déplacés. Et puis, en se rapprochant des voisins, je me rends compte que ces derniers sont branchés sur la fréquence radio des Tim SAR, ces équipes de volontaires qui sans équipements vont braver les nuées ardentes afin de secourir les victimes. Mieux vaut faire confiance à des connaisseurs plutôt qu'aux médias indonésiens. Ces derniers ne méritent rien d'autre que le mépris. Sous couvert de liberté d'information, ils sont les principaux responsables d'une panique qui auriat pu coûter des vies.

Aux alentours de midi le vendredi 5 novembre, je décide d'évacuer à mon tour. Non pas que la maison soit menacée. Mais je n'ai plus d'eau. Il semblerait que l'ensemble des réservoirs soient envahis par les boues volcaniques. Me voici alors parti pour 5 nuits en hôtel, suivant l'évolution de l'éruption et essayant d'aider dans la mesure du possible.

Le retour se fera le mardi suivant, alors que l'eau est elle aussi revenue. Depuis? une vigilance accrue et l'attente d'une fin officielle de ce qui est encore aujourd'hui l'éruption du siècle